Désindustrialisation, perte de compétences, restriction des formations, sous-traitance en sociétés multiples, défaut de planification en politique énergétique…sont le lot de cette filière et laissent pour le moins dubitatifs sur la relance, à l’heure où les difficultés techniques sont légion aujourd’hui pour le Nucléaire. A brader le secteur industriel et démanteler tous les secteurs de l’action publique, la France libérale vend tout, privatise, oublie l’intérêt général et la sécurité, la sûreté, et se retrouve incapable de s’autonomiser dans de nombreux domaines.
Un article – ne souriez pas…- fait état de la débandade de l’industrie du nucléaire (par exemple) en France: EDF appelle des soudeurs américains à la rescousse pour réparer ses réacteurs
–Qu’en est-il du « en même temps »? Alors que les prétentions gouvernementales concernant la filière nucléaire s’affichent, la Recherche /Développement (R&D) n’a en fait cessé de s’étioler dans le domaine de la sûreté, ce qui ne laisse pas d’être inquiétant. Article d’Alternatives économiques: « La recherche française a désarmé sur la sûreté nucléaire » – (à voir en entier notamment pour l’interprétation des graphiques)
EXTRAIT – L’article d’A. de Ravignan présente un graphique: « On en tire une observation autrement plus importante que la question de savoir si la France investit globalement trop ou pas assez dans le nucléaire par rapport aux autres domaines énergétiques. La voici : les dépenses de R&D affectées à la sûreté nucléaire ont chuté de plus d’un tiers entre le début et la fin de la période. Alors qu’elles s’élevaient en moyenne à 435 millions d’euros par an en moyenne sur 2002-2008 et représentaient pas loin de la moitié du total des dépenses de R&D nucléaire, elles ont très fortement reculé à partir de 2009. Sur les années 2014-2020, elles n’atteignaient plus que 246 millions d’euros par an. On constate, de même, un recul des dépenses dans la recherche sur le cycle du combustible, autrement dit la gestion des déchets radioactifs. Comme pour la sûreté des réacteurs affectés par des problèmes d’usure, c’est pourtant un domaine où il faudrait accroître fortement la dépense. Notamment pour travailler sur la transmutation et la réduction de la durée de vie des déchets les plus dangereux, en vue d’éviter leur enfouissement. »
« Cette érosion de l’investissement dans la sécurité et les impacts environnementaux de la filière nucléaire peut être mise en relation avec l’accroissements des dépenses de R&D dans des projets lointains, coûteux, climatiquement inutiles et dont il est fort douteux qu’ils fassent un jour l’objet d’un déploiement industriel : la fusion nucléaire (le projet Iter) et le vieux serpent de mer des réacteurs surgénérateurs (le projet Astrid, résurgence du vieux programme Phénix abandonné à la fin des années 1990, dont les fonds ont certes décliné depuis 2016 mais qu’il est question de relancer).
L’investissement dans la sûreté nucléaire s’est certes relevé à partir de 2018, mais il est très loin de retrouver les niveaux d’il y a vingt ans. Une situation d’autant plus inquiétante que les réacteurs français, justement, n’ont plus vingt ans. » (4) Antoine de Ravignan | Facebook
A propos de l’auteur, A.de Ravignan:
« Nucléaire. Stop ou encore ? » : plaidoyer pour un débat ouvert (lemonde.fr) Dans cet article du Monde est présenté le livre d’Antoine de Ravignan, rédacteur en chef adjoint à Alternatives Economiques pour les questions d’Environnement – Dans son ouvrage, le journaliste Antoine de Ravignan réalise un tour d’horizon critique du débat sur la relance éventuelle d’un programme nucléaire en France.
Livre. Dans le domaine de l’énergie, la France est dans une position unique au monde : 70 % de l’électricité produite dans l’Hexagone provient de 56 réacteurs nucléaires, en faisant le pays le plus dépendant de l’atome. Cette situation particulière, issue du premier choc pétrolier et de la volonté de bâtir une souveraineté énergétique française, se trouve désormais à un moment crucial. Les installations construites dans les années 1980 arrivent progressivement à l’âge vénérable de 40 ans. Certaines pourront être prolongées de dix ans, peut-être de vingt. Mais une chose est sûre : dans vingt-cinq ans, la quasi-totalité aura cessé de produire de l’électricité. Faut-il engager ou non la construction de nouveaux réacteurs nucléaires pour 2050 ? Ou au contraire laisser mourir de leur belle mort les installations actuelles et ne pas les renouveler ?
Une question politique
C’est autour de ces questions centrales qu’est construit l’ouvrage d’Antoine de Ravignan, journaliste à Alternatives économiques, intitulé Nucléaire. Stop ou encore ? Fouillé et instructif, le livre retrace les principaux enjeux que posent la construction de nouveaux réacteurs et le maintien en France de la filière : la place centrale d’EDF, la question épineuse du coût, l’alternative contestée des énergies renouvelables, les risques d’accident, l’échec industriel de l’EPR de Flamanville. L’ouvrage d’Antoine de Ravignan arrive au moment où Emmanuel Macron vient d’annoncer un programme de construction d’au moins six réacteurs de type EPR s’il était réélu. Cette volonté est d’ailleurs partagée par plusieurs candidats à la présidentielle, notamment Valérie Pécresse (LR), les candidats d’extrême droite Marine Le Pen (RN) et Eric Zemmour (Reconquête !) ou le communiste Fabien Roussel.
L’auteur ne cache pas son parti pris : il n’est pas favorable à la relance du nucléaire par la France et penche clairement pour un scénario 100 % énergies renouvelables. Son ouvrage permet de faire un tour d’horizon, à partir de nombreuses sources officielles et d’analyses d’experts – souvent critiques de l’atome. Surtout, il insiste sur la nécessité d’un débat nourri et démocratique sur un sujet souvent confisqué par les experts. « A partir de l’examen des faits, ce livre conclut qu’il est préférable de ne pas s’engager dans la relance du nucléaire. (…) A partir de l’examen des mêmes faits, le lecteur pourra tirer une conclusion contraire », reconnaît Antoine de Ravignan. Une manière de rappeler qu’il s’agit d’abord d’un débat politique et non d’une tâche que la science ou l’expertise pourraient accomplir seules…