Conquêtes de nouveaux marchés: acheter, vendre, et spéculer, un credo « vert »!

Actuellement toutes les manoeuvres dans le secteur de l’énergie ont pour objectif la conquête de parts de marché, le plus souvent à travers de pures opérations boursières.

Dam Barragem de Bemposta in North Portugal. Pinhao, PORTUGAL -24/08/2011/Credit:IPON-BONESS/SIPA/1205230950

« L’énergéticien français, associé au Crédit Agricole et Natixis, va acheter six barrages d’EDP, l’électricien historique du Portugal, pour 2, 2 milliards d’euros. Engie veut ainsi accélérer son virage vers les énergies vertes, l’un des piliers de sa stratégie. » ARTICLE

DECRYPTAGE ATTAC – (de T.Uso) –  Le contexte français est en partie différent de celui du Portugal.« En France, les grands barrages hydroélectriques dont il est question font partie du « patrimoine de la nation ». Par conséquent, ils ne peuvent pas être vendus sauf si la législation est profondément modifiée, ce qui n’est pas encore le cas. Par conséquent, parler de « privatisation des barrages » n’est pas correct; la privatisation concerne l’exploitation des barrages hydroélectriques dans le cadre de concessions. Or, l’exploitation des barrages hydroélectriques est déjà privatisée: les grands barrages du Rhône sont exploités par la CNR, une société d’économie mixte dont l’actionnaire privé est Engie, dans le cadre d’une concession de plusieurs dizaines d’années (la commission européenne a semble-t-il accepté que cette concession soit prolongée, donc sans mise en concurrence de la CNR avec d’autres entreprises dans un appel d’offres à expiration du contrat de concession). Les 2 autres concessionnaires sont la SHEM, une entreprise privée filiale d’Engie, qui exploite des barrages hydroélectriques dans le sud-ouest, et EDF. EDF n’est plus un établissement public mais une société anonyme à capitaux 100% public. Personnellement, je ne vois pas de différence entre l’exploitation des barrages hydroélectriques par EDF et l’exploitation par la CNR ou la SHEM; il s’agit dans tous les cas d’une gestion capitaliste où l’objectif est de faire le plus de profits possible.

Au Portugal, les grands barrages hydroélectriques dont la plupart appartiennent à EDP peuvent être achetés et vendus par leurs propriétaires. EDP, l’équivalent portugais de EDF, s’est transformé d’un établissement public de l’Etat en une société d’économie mixte, lors de la grande vague de privations qui a démarré au Portugal dans les années 90. Une société chinoise a ainsi acquis 21% du capital d’EDP en 2011. En 2018, elle a essayé d’acquérir la totalité du capital d’EDP lors d’une OPA hostile qui a échoué. Le tarif de l’électricité étant régulé au Portugal comme en France, EDP ne fait pas rentrer suffisamment de cash et s’est donc endetté ces dernières années dans le déploiement des énergies renouvelables. La vente par EDP de plusieurs de ses barrages hydroélectriques à Engie a pour objectif de réduire sa dette mais aussi de préparer un « partenariat » avec Engie puisque cela ne se passe pas bien avec l’actionnaire chinois. Engie est très intéressé par ce partenariat parce que EDP est le leader européen de l’éolien et du photovoltaïque. Toutes les entreprises du secteur sont vent debout contre le tarif régulé de l’électricité qui limite leurs bénéfices, voire les conduit à s’endetter (EDF n’est pas le dernier à pleurnicher à ce sujet). Mais les tarifs régulés vont bientôt disparaître en Europe, et alors ce sera le jackpot pour toutes ces entreprises. »

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