L’urgence de s’intéresser aux nouveaux OGM, ce n’est pas gagné!

(image Juan Mendez – Reporterre) La coalition de 13 organisations « Objectif zéro OGM » a appelé à la mobilisation citoyenne…« Nouveaux OGM : après le vote de la commission ENVI, le Parlement européen doit s’opposer au projet de dérégulation ». Pourtant, La dérégulation des nouveaux OGM a été adoptée par les élus européens. Dans le brouhaha médiatique superficiel, qui en a entendu parler? 

Contexte – Le 24/01, la commission ENVI du Parlement européen a voté en faveur d’un projet de dérégulation des nouveaux OGM. 13 organisations ont alors prévu une action le 06/02 à Strasbourg pour appeler les députés européens à rejeter le texte lors du débat en plénière.

Par ailleurs, les contestations paysannes des syndicats majoritaires ont créé un appel d’air de « simplification » des normes: de toute évidence, un choix visant à leur donner satisfaction pour des variétés plus résistantes en modifiant le matériel génétique des plantes, choix pour faire perdurer un modèle/système agricole mortifère.

De quoi s’agit-il? (explications des organisations)– Il s’agit de plantes obtenues à partir de nouvelles techniques génomiques (NTG). Cette version du règlement, pourtant largement critiqué pour son manque de fondement scientifique, notamment par l’Anses, aboutira-t-elle aussi à une dérégulation totale de ces nouveaux OGM fragilisant l’agriculture française et niant le droit des consommateurs?

  • Les critères utilisés pour déterminer qu’une plante NTG serait équivalente à une plante conventionnelle (Catégorie 1) n’ont aucune base scientifique. Les plantes de cette catégorie, prétendument équivalentes aux plantes issues de la sélection conventionnelle, représenteront pourtant la quasi-totalité des plantes obtenues par les NTG.
  • Aucune évaluation des risques sanitaires et environnementaux n’est prévue pour les plantes de catégorie 1, bafouant le principe de précaution. C’est d’autant plus choquant vu l’absence du moindre recul sur la culture de ces nouveaux OGM et les retours d’expérience sur la culture des précédents OGM depuis plus de 30 ans.
  • Les risques de contamination sont élevés et la coexistence entre nouveaux OGM et agriculture biologique et non OGM est impossible comme elle l’était avec les OGM de première génération.
  • Sous couvert de solutions durables, ce projet favorise une agriculture industrielle et un système productiviste mortifère, dont les agriculteurs sont les premières victimes et les consommateurs les cobayes. Une plante n’est pas en tant que telle durable, c’est le système agronomique en fonction de chaque situation pédoclimatique qui peut être durable.
  • Aucun étiquetage des produits n’est prévu, niant le droit des consommateurs de refuser d’acheter des aliments et produits OGM.
  • La promesse d’interdire la brevetabilité des plantes OGM-NTG n’est qu’un miroir aux alouettes destiné à tromper le public. L’Union Européenne ne peut pas adopter une telle interdiction sans l’accord incertain et obligatoirement très long à obtenir de l’Office européen des brevets qui regroupe aussi des pays non membres de l’Union. De plus une telle modification serait totalement inutile en pérennisant la brevetabilité des techniques NTG qu’il n’est pas prévu de supprimer. La portée d’un brevet sur une technique s’étend en effet à toutes les plantes issues de cette technique. Encore plus scandaleux, la suppression de la traçabilité des “nouveaux OGM” brevetés fera des semences paysannes et traditionnelles qui contiennent naturellement le caractère génétique revendiqué dans le brevet des contrefaçons interdites ou soumises au paiement de royalties !

Vote des députés européens – « Les organisations environnementales et paysannes et les acteurs de la filière alimentaire biologique ont donc appelé les eurodéputés à rejeter le projet de règlement en plénière. Il pourrait provoquer un déferlement de plantes génétiquement modifiées en Europe, sans évaluation des risques, sans en informer les consommateurs et mènerait notre modèle agricole un peu plus loin dans l’impasse. ». Les eurodéputés ont notamment amendé le texte de la Commission européenne sur l’étiquetage (sur les semences, mais pas sur le produit fini). Un  vote sur les NTG très partagé: parmi les opposants, la Gauche et les Verts, qui redoutent la dépendance des agriculteurs aux multinationales. Il restera aux Etats à adopter leur position…Compte rendu: TV5MONDE – LIRE aussi un article de Reporterre: Nouveaux OGM : les combines de l’agrochimie pour s’approprier le vivant (reporterre.net)

Les organisations de la coalition opposée à la proposition de ne plus soumettre ces NTG de catégorie 1 au régime des OGM (organismes génétiquement modifiés):

Amis de la Terre / Agir pour l’environnement / Confédération paysanne /
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) / Générations Futures /
Greenpeace / OGM dangers / Objectif Zéro OGM / POLLINIS / SYNABIO / Union National de l’Apiculture Française (UNAF) / Vigilance OGM 46 / Les Faucheurs volontaires

Contacts :

– Sylvie Colas, secrétaire nationale Conf’ : 06 70 31 90 71
– Guy Kastler, commission semences et OGM Conf’ : 06 03 94 57 21 – Clément Henry – Relations presse POLLINIS : 07 83 85 97 75

 

(Une mobilisation citoyenne a eu lieu à Strasbourg le 06/02)

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