“Repenser notre modèle productiviste”
Economie. “Si l’on veut que la planète survive, l’OMC doit mourir”The Independent – Londres Publié le 16/12/2015 –
Depuis le 15 décembre, Nairobi accueille une conférence de l’OMC qui vise à relancer les négociations du cycle de Doha. De nombreux observateurs sont sceptiques quant à l’issue de ce rendez-vous. C’est le cas de cet humanitaire qui publie une tribune dans The Independent.
“Alors que l’encre n’est pas encore sèche sur les feuilles de l’accord de Paris pour le climat, les gouvernements du monde entier se retrouvent à Nairobi pour un sommet décisif pour l’Organisation internationale du commerce (OMC). La question sur la table est simple : est-il temps d’abandonner le cycle de Doha, qui ne donne rien ?” Sur le site de The Independent, John Hilary le directeur de l’ONG War on Want qui lutte contre la pauvreté et les inégalités, publie une tribune où il exprime son scepticisme quant aux réunions de l’OMC qui se tiennent depuis mardi 15 décembre dans la capitale kenyane.
La relique d’un monde révolu
En 2001, il était présent à Doha lors du lancement de la série de négociations baptisée depuis “cycle de Doha”. En observateur averti, il annonce : “Je suis convaincu que cette semaine nous risquons de vivre le dernier sommet de l’OMC.” Il explique que depuis quatorze ans l’organisation onusienne est à l’agonie, incapable d’avancer sur les points cruciaux.
L’OMC, à quoi ça sert ?
Selon John Hilary, c’est non seulement l’existence du cycle de Doha qui est en jeu à Nairobi, mais aussi la survie de l’OMC. L’humanitaire se demande : “L’OMC a-t-elle encore un rôle à jouer dans le monde du XXIe siècle, ou bien n’est-elle qu’une relique d’une ère aujourd’hui révolue ?”
Il explique qu’à sa création, en 1995, l’organisation devait promouvoir et organiser le libre-échange à l’échelle de la planète. “C’était la clé de voûte de la mondialisation, au moment où le monde devait se transformer en un village global et où l’Etat-nation se trouvait remisé dans la poubelle de l’histoire.”
“Repenser notre modèle productiviste”
Un but qui a tourné au vinaigre, juge le directeur de War on Want : Le cocktail empoisonné de l’OMC, fait de croissance et de dérégulation du marché, a mené à la crise économique de 2008. Des années de croissance fondées sur les exportations ont créé une crise de surproduction qui a abouti à une montagne de dettes.”
Il ajoute que l’organisation serait rendue caduque par les enjeux climatiques et les engagements pris lors de la COP21. “Nous devons repenser notre modèle productiviste si nous souhaitons éviter que la planète s’effondre. Le capitalisme a peut-être besoin d’expansion sans limite pour survivre, mais notre planète est, de son côté, très limitée quant à ce qu’elle peut encore endurer.” Et de conclure : “Si l’on veut que la planète survive, l’OMC doit mourir.”