Une contribution de M.Combes, à quelques jours / semaines de la publication de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie par le président Macron et le gouvernement : « Quelle programmation énergétique pour répondre aux besoins humains et écologiques de notre temps ? » – (ref du rapport officiel https://ppe.debatpublic.fr/)
Instituée par la loi sur la transition énergétique votée en 2015, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) doit déterminer une trajectoire pour le mix énergétique « afin d’atteindre les objectifs fixés par la loi ». Au nom du principe de non-régression en matière de droit de l’environnement, il faudrait a minima que la prochaine PPE, qui porte sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028, respecte strictement les engagements pris par le législateur dans le cadre de la loi de 2015 et soit conforme à ceux pris au niveau international. C’est le strict minimum.
Pourtant, Nicolas Hulot à l’automne 2017, et Emmanuel Macron depuis, ont déjà annoncé que certains objectifs ne seraient pas tenus. Par manque de volonté politique et par refus d’ébranler les positions acquises par certains lobbys. L’objectif visant à contenir la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025 a ainsi déjà été abandonné en rase campagne. Le retard pris dans le déploiement des énergies renouvelables – à peine 16,7% du mix électrique en 2017 – rend très hypothétique l’objectif de 40% d’ici à 2030. D’autre part, la consommation d’énergie finale a encore augmenté entre 2016 et 2017, dépassant de plus de 4 % la trajectoire à suivre pour qu’elle décroisse de 20% d’ici à 2030 (et de 50% d’ici à 2050).
A ce rythme, aucun des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixé pour les secteurs de l’énergie, du transport, du bâtiment et de l’agriculture ne sera atteint d’ici à 2023. Paris et la France se transforment en « cancre du climat » : se montrer moins pire que Trump, comme le claironne Emmanuel Macron, est facile. Il est moins aisé de se montrer à la hauteur des enjeux : dans une classe de cancres, même le moins pire d’entre eux reste un cancre.
La PPE devait rendre « irréversible la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables ». A ce jour, ce sont surtout la catastrophe climatique et la dépendance aux énergies fossiles et fissiles qui sont rendues irréversibles par l’inertie politique et institutionnelle. Comment pourrait-il en être autrement alors que le président de la République préfère négocier le contenu de la future PPE avec Patrick Pouyanné (Total), Jean-Bernard Lévy (EDF), Isabelle Kocher (Engie), Philippe Varin (Orano, ex-Areva), Xavier Huillard (Vinci), Martin Bouygues (Bouygues) plutôt qu’avec les associations et les structures en pointe en matière de transition écologique ?
Le processus de rédaction de la PPE aurait du être un grand moment de sensibilisation et de mobilisation collectives sur ces sujets difficiles. L’Elysée et le gouvernement préfèrent négocier derrière des portes closes avec les lobbys, au détriment de l’intérêt général. Là où il faudrait mener un débat sur le fond du problème, ils préfèrent présenter les enjeux sous un angle technique. Plutôt que se demander quelles mobilités assurer pour quel type d’aménagement du territoire, quelle alimentation pour quel modèle agricole, quelle production pour quel modèle économique, on préfère parler technique, prix au kWh, intensité carbone.
Rédigée en réunions interministérielles, plusieurs fois repoussée pour permettre à Emmanuel Macron de prendre la main, la PPE entérine une pratique surannée, dangereuse et inefficace où quelques-uns, triés sur le volet, décident de notre avenir collectif. De fait, l’Elysée, le gouvernement et la majorité préfèrent laisser se nouer des tensions sociales et politiques sur le prix des carburants plutôt que de mettre sur la place publique des décisions qui nous concernent tous.
A l’heure où la crise climatique impose de transformer profondément l’ensemble des soubassements énergétiques et matériels de nos sociétés, une perspective altermondialiste de la transition écologique consiste à affirmer que la réappropriation citoyenne et collective de notre avenir énergétique est absolument primordiale. C’est l’un des véhicules pour construire un avenir écologique, juste socialement et démocratique.
Maxime Combes – contribution à la demande de l’Humanité pour ses pages Débat (avec des contributions d’Eric Vidalenc, Sylvestre Huet et Marie-Claire Cailletaud de la CGT) accessible ici, Pages « Débats & Controverses » de L’Humanité, novembre 2018
: https://www.humanite.fr/les-defis-humains-sociaux-et-ecologiques-quelle-programmation-energetique-pour-repondre-aux-besoins
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Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées !
Le permis d'aménager ne doit pas être accordé, puisque d'autres solutions existent pour éviter la destruction de 12 hectares de barthes.
Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées
Les barthes sont des zones humides qui jouent un rôle majeur pour préserver la ressource en eau, lutter contre les canicules, maintenir la biodiversité mais aussi pour prévenir des inondations les quartiers environnants. Leur destruction est interdite pour des projets qui peuvent se dérouler ailleurs ou autrement. C'est l'esprit de la loi et de la séquence « Eviter, réduire, compenser » qui impose d'éviter en tout premier lieu. C'est aussi pour cela que le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) a émis un avis défavorable au projet.
Le permis d'aménager demandé par la SEPA sur le CEF (Centre Européen de Fret) pour remblayer 12 ha de barthes ne doit pas être accordé par le Maire de Mouguerre :
- L'activité de l'entreprise DJO (Enovis) n'est pas liée au fret ferroviaire et on peut éviter de détruire les 3,3ha qui lui sont dévolus. D'autres implantations sont possibles : les friches industrielles du site des Salines tout proche du CEF, ou des emplacements déjà aménagés à Saint-Martin-de-Seignanx par exemple. Rien ne justifie qu'on l'installe sur les barthes.
- Le remblaiement pour les aménagements ferroviaires est prématuré. Britanny ferries (nouvel opérateur ferroviaire) peut commencer son activité dans l'espace déjà remblayé du CEF sans toucher aux barthes. Les autres opérateurs présents sur le CEF n'ont pas prévu leur éventuelle extension avant 2025. Le projet de Brittany ferries étant de transporter des camions d'Irlande en Espagne (camions actuellement sur des bateaux entre ces deux pays), il serait par ailleurs plus judicieux que ses trains (en provenance du port de Cherbourg) roulent jusqu'en Espagne pour éviter un surplus de camions sur l'A63 entre Mouguerre et la frontière.
- Le cadre de vie des riverains doit être préservé, et l'interdiction d'accès au CEF par la route de Briscous maintenue, comme c'était le cas jusqu'en 2022 avant la révision du PLU de Mouguerre. Le nouvel accès prévu (qui s'éloigne du noeud autoroutier) va aggraver les conditions de circulation déjà très difficiles sur ce secteur pour les habitants de Lahonce, Briscous, Mouguerre et au-delà. Les investissements publics doivent se tourner pour améliorer les transports du quotidien.
- Le remblaiement des barthes va aggraver les risques d'inondation des quartiers environnants sur Lahonce et Mouguerre, d'autant plus avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes.
- Les impacts de cet aménagement débordant largement du CEF et affectant les habitants de Mouguerre et des communes voisines, ce permis d'aménager aurait dû faire l'objet d'une vaste concertation avec l'ensemble des habitants, des associations, des élus des communes voisines, du SCoT.
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