Faire le point sur les politiques publiques concernant la forêt française en ce début d’année relève d’une grande difficulté puisque le budget 2025 n’est pas voté, les orientations budgétaires n’étant toujours pas connues! Si l’on se réfère aux récentes annonces, pas de quoi pavoiser: l’ONF déjà étrillé perdrait encore des emplois, les subventions pour les haies seraient supprimées, les coupes de bois se verraient fléchées vers les industries du bois-énergie, avec la fin des subventions aux scieries et pépinières …Vous pouvez retrouver ces annonces dans notre article.
Pour nous informer sur l’état de nos forêts, voici tout de même deux publications utiles: les objectifs de l’ONF / La santé des forêts issue de l’inventaire de l’IGN.
Paru fin 2024 dans la revue des Cahiers Français, un article émanant de la directrice de l’ONF fait le point: « L’ONF, acteur de la politique forestière » – La forêt française constitue aujourd’hui la 4° surface forestière en Europe avec 25,5 millions d’hectares. Dans l’Hexagone, 25 % des forêts sont publiques. Leur gestion durable est assurée par l’Office national
des forêts (ONF), dont la mission est d’accompagner l’adaptation de la
forêt au changement climatique pour favoriser sa résilience et sa
contribution à son atténuation. Sans s’attarder sur le ton neutre caractéristique des rapports de haut-fonctionnaire, on perçoit l’inquiétude liée au déficit d’emplois à l’ONF sur fond d’un constat: les forêts françaises sont sévèrement
touchées par les effets du bouleversement climatique, la moitié de ces forêts pourrait dépérir ou devenir très vulnérable a la fin du siècle. Suit alors un exposé des stratégies proposées par l’ONF pour contrer cette évolution, que ce soit en repeuplement diversifié et par l’utilisation d’outils de connaissance fine de la forêt. CF-onf-politique-forestiere-1224
La 2de publication est un article de synthèse intitulé: « Arbres malades, puits de carbone en rade : 4 graphiques pour comprendre la crise de la forêt française« ; ce très bon article de vulgarisation est publié sur le site internet d’Alternatives Economiques (abonnés). L’article se nourrit de plusieurs sources très riches en données et cartographie qu’il faut connaître et dont vous ne pourrez plus vous passer!
- Le site à connaître est celui-ci: IGN Inventaire forestier
- – 2024
le taux d’arbres altérés en image, l’altération la plus forte en plus foncé.
le bilan des flux de bois = croissance de la forêt diminuée de la mortalité et des prélèvements (positive en vert)
Source : Citepa, rapport Secten 2024 (stratégie carbone) – un bilan carbone net négatif en milliers de tonnes par an, chutant de -16453 à -22820 : l’image compare de 1990 à 2022 les facteurs de croissance ou décroissance: feux de forêt (rouge), prélèvements (marron), perturbations naturelles (jaune), mortalité de fond orangé), avec la croissance et la part de litières et sols (vert/bleu). A cause de la mortalité des arbres, le puits de carbone forestier s’effondre fortement. La Stratégie Nationale Bas Carbone de l’Etat (SNBC) est donc fausse et à revoir, en cause le dépérissement de la forêt française. « Cette dynamique inquiétante ne devrait pas s’inverser ces prochaines années. En témoigne le projet de troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC 3), dévoilé début novembre par le gouvernement. Ce document de planification est censé donner, secteur par secteur, la répartition de l’effort de lutte contre le réchauffement.Cette SNBC 3, dans sa version présentée par l’exécutif, diffère beaucoup de sa prédécesseure, la SNBC 2, sur un point : la contribution à l’effort climatique du secteur « utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie » (UTCATF), dont le puits de carbone forestier est la principale composante. Et pour cause, la cible de la SNBC 2 pour ce secteur a été complètement manquée ces dernières années, à cause de la « baisse importante du niveau du puits forestier qui n’avait pas été anticipée », comme l’indique le projet de SNBC 3. » Extrait de l’article d’Alternatives Economiques – M.Jublin.