EN ATTENDANT LA CATASTROPHE, « IL » VEUT PLEIN D’EPR…Et ce que le Roi veut…le peuple le veut aussi. Exit le Débat public prévu après la consultation (voir cahier d’acteurs) annulé par la CNDP, puisque l’annonce de la création de nouveaux réacteurs est actée (on vit une époque formidable!).
Pourtant, il y a lieu de partager une vive inquiétude devant le vieillissement du parc nucléaire et les incidents de « corrosion sous contraintes » qui s’accumulent.
Les derniers en date sont ceux de fissure RIS (Cattenom3 et les réacteurs des centrales nucléaires de Civaux, Chooz B et Penly.) « La fissure s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm. En raison de ses conséquences potentielles et de l’augmentation de probabilité d’une rupture, l’ASN le classe au niveau 2 de l’échelle INES en ce qui concerne le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés… »
De quoi s’agit-il vraiment? Quelle est la limite entre risque et danger?
– Le circuit RIS est le circuit d’injection d’eau sous très haute pression dans le réacteur en cas d’accident de perte de réfrigérant du réacteur et du circuit primaire principal (l’APRP). – Vital pendant les premières minutes qui suivent la situation d’APRP, son indisponibilité à la sollicitation précipite la fusion du cœur, première étape vers l’accident hors dimensionnement.
Dans le cas de la fissure de Penly, il n’y a pas eu de contamination d’un travailleur (à priori) mais s’il y avait eu rupture du circuit primaire en fonctionnement, on risquait d’aller tout droit à la fusion du coeur…Le nucléaire ne peut supporter le risque d’un circuit secondaire de refroidissement en avarie.
– Pour mesurer le niveau de l’incident, l’échelle INES a été mise au point en 1990: c’est un outil de communication médiatique à destination du public qui ne reflète en rien la gravité effective ou potentielle de l’incident…Elle renvoie à la gravité d’un incident ou accident, à savoir le niveau des dégâts potentiels qu’il peut occasionner.
– Est inquiétante la réponse de Maud Bregeon (Rapporteur) devant la Commission Parlementaire qui épluche les amendements au Projet de Loi d’accélération des procédures nucléaires; réponse faite à un député (M. Laisney) en qualifiant le circuit avarié de Penly de « simple circuit auxiliaire ».
– …Et ce n’est d’ailleurs pas la récente annonce de démantèlement de l’IRSN (expertise & recherche) pour se fondre dans l’ASN (autorité de sûreté et aide à la décision) qui peut nous rassurer! (voir notre article)
EDF minimise le risque d’une conséquence grave (en cas de fusion du coeur par exemple) en invoquant la redondance : un autre circuit de refroidissement prendrait le relai en cas de défaillance de celui atteint par les fissures. Mais que se passe-t’il si, en cas de nécessité d’un refroidissement externe, l’une des tuyauteries fissurées se fracture ? Par cet orifice en communication avec le circuit interne à la cuve, que va t’il se passer ? Est-ce anodin ???
Dans le cas de Penly 1, la rupture plus que probable de la tuyauterie incriminée lorsqu’on y admettrait de l’eau à 155 b pendant la séquence accidentelle APRP conduirait à la fusion inéluctable du cœur . On croise les doigts et on invoque tous les Saints tant que le circuit principal fonctionne donc…La gravité au niveau 2 s’avère toute relative, puisqu’il s’agit au cours du développement d’un accident, précisément ici la perte de la fonction de refroidissement du réacteur (APRP), de l’empêchement du circuit secondaire parce que fissuré. Nous avons là matière à réflexion quant à la juste qualification par les Autorités de ce type d’incident…
La publication officielle sur l’incident: Corrosion sous contrainte à Penly : niveau 2 sur l’échelle INES – 08/03/2023 – ASN