Nucléaire – « facéties d’une fusion », sous-traitance en difficulté, gestion des déchets problématiques…

L’actualité est agitée en matière de nucléaire: en effet, sécurité et sûreté ne font plus bon ménage avec le parc nucléaire et la surveillance de celui-ci! Deux informations ne laissent pas de s’avérer inquiétantes, alors que l’Etat français nous gratifie d’une consultation « bidon » sur le renouvellement de ce parc vieillissant…Pour des raisons de visibilité grand-public de la communication, mais surtout de démocratie, cette consultation est un échec citoyen: la construction des EPR ayant été actée préalablement par le Président Macron, il peut sembler vain ensuite de s’exprimer, sachant que la décision est déjà prise! lire Nucléaire – le Débat public sur les nouveaux réacteurs se termine… De son côté, le Sénat, facilite la décision par la simplification des procédures administratives, avec le non respect du Zéro Artificialisation des Sols pour la surface bétonnée, ainsi qu’avec le doublement des peines pour les opposants…Autant dire que l’affaire est entendue! La CNDP a donc annulé des réunions publiques du fait de cette « loi d’accélération » des chantiers… Mais revenons à la sécurité et la sûreté:

  • Un énorme problème – Peu de gens savent que nombre d’opérations sont désormais confiées à la sous-traitance: or, tous les petits emplois participent de la maintenance et de la bonne marche des installations nucléaires. Que d’incidents à répétition se sont produits sur fond de perte de compétences! A la lumière d’une lutte pour les salaires et les conditions de travail, on apprend que le sort réservé à la sous-traitance crée de multiple conflits et les incidents à répétition affaiblissent la confiance que l’on peut porter sur la sécurité notamment. (Le dernier en date, à titre d’exemple, est celui des « 9 invisibles de Civaux » femmes de ménage employées par Elior et en grève longue; le dernier maillon de la chaîne de sous-traitance, à tous points de vue, mais qui illustre la déliquescence du Nucléaire en France.) Cet exemple peut vous paraître éloigné des incidents, mais il illustre bien la déshérence qui préside à l’état des lieux du parc nucléaire: c’est un modèle de gouvernance qui est en cause avec la sous-traitance. Et nous pouvons faire notre ce constat: l’organisation, incidents pointés depuis des années, c’est 600 entreprises de sous-traitants et 25 langues, un type de management qui ne donne pas la priorité aux compétences techniques voire les méprise, un pilotage par le livrable et l’indicateur qui incite à livrer quoi qu’il advienne quitte à mettre la poussière sous le tapis, une organisation qui interdit de remonter les problèmes…nous voilà rassurés… La revendication sociale est bien de sécuriser le parc, avant de construire d’autres Centrales,  par une Convention collective des travailleurs du Nucléaire.

 

Une nouvelle en justice, en revanche, alimente l’énergie pour résister aux projets, mais interroge pour l’avenir des luttes citoyennes: « Malfaiteurs » de Bure : une relaxe quasi générale en appel(image et texte Reporterre)  « Quatre ans d’enquête, des écoutes, des fouilles d’ordinateurs, une équipe de gendarmerie spécialement missionnée, un juge d’instruction et un procureur mobilisés quasiment à temps plein… Les énormes moyens débloqués — 1 million d’euros — dans l’affaire des opposants au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires, à Bure (Meuse), apparaissent démesurés au regard du verdict prononcé par la cour d’appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle). »Les juges ont relaxé 4 des 7 militants antinucléaires de Bure (Meuse), poursuivis depuis 2018 pour participation à une manifestation. Une décision qui tranche avec les énormes moyens débloqués par l’État dans cette procédure. »

C’est dans ce contexte de longue résistance, qu’ATTAC a publié, avec de nombreuses organisations, un communiqué: « Le 16 janvier 2023 l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (Andra) a déposé sa Demande d’Autorisation de Création (DAC) pour le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo. Alors que le projet présente toujours de nombreux problèmes restés sans réponse depuis des années, une étape de plus est franchie dans une fuite en avant dangereuse et irresponsable. »

Un calendrier hasardeux et anti-démocratique

Une concertation nationale est en cours sur le futur mix énergétique de la France, ainsi qu’un débat public sur le projet d’ EDF de construction de 3 paires d’EPR2, dont la première à Penly.

Pourtant, de fortes incertitudes techniques et financières demeurent quant à la prolongation des réacteurs au-delà de 50 ans souhaitée par le gouvernement. Les conséquences concernant les déchets seront différentes selon les décisions qui seront prises sur ces sujets.

Par ailleurs, une étude est en cours, pour préciser les caractéristiques des déchets bitumés pouvant être accueillis à CIGEO, avec des résultats attendus pour… 2026.

Tout comme la DUP, la DAC est donc déposée sans connaître précisément le volume et la nature des déchets radioactifs, ce qui représente un non-sens et une précipitation hasardeuse et non- démocratique.

Une étape de plus vers la construction de CIGEO

En juillet 2022, le projet Cigéo a été déclaré d’utilité publique (DUP) et Opération d’Intérêt National (OIN), ce que 32 organisations et 30 habitant·es ont dénoncé en déposant un recours en septembre dernier. Cette DUP ouvre d’ores et déjà la voie à des travaux préalables.

CIGEO franchit une nouvelle étape avec le dépôt de cette demande d’Autorisation de Création (DAC) qui pourrait aboutir, après 30 mois d’instruction et une enquête publique en 2026, à l’autorisation, en 2027, de lancer une « phase pilote ». Cette phase verrait la construction des principaux ouvrages en surface et des premiers ouvrages souterrains et permettrait de recevoir les premiers déchets radioactifs entre 2035 et 2040.

Une opposition toujours active, prête à poursuivre ses mobilisations

Pourtant, l’opposition au projet est toujours vivante, localement comme institutionnellement. En août dernier, près de 2000 personnes ont exprimé leurs inquiétudes lors du Festival les Bure’lesques.
Et cette opposition locale et nationale s’est récemment renforcée avec la création d’un Front Parlementaire Contre Cigéo.

D’autre part, créé en 2020, le Front Associatif et Syndical Contre Cigéo, réunissant de nombreuses organisations au niveau national, étudiera le dossier de la DAC. Il vérifiera s’il répond aux nombreuses questions, incertitudes et insuffisances qu’il dénonce régulièrement, notamment : ce dossier prouve-t-il que CIGEO est réellement faisable en toute sécurité ? Contient-il des analyses de risques précises et des procédures réalistes en matière de sécurité ? Les impacts sur l’environnement sont-ils correctement identifiés, notamment sur l’eau et la biodiversité ? L’estimation du coût du projet est-elle actualisée et réaliste ?

Selon les résultats de son analyse, le front associatif et syndical décidera de l’opportunité de déposer un recours contre cette DAC. Nos organisations pourraient également se mobiliser médiatiquement et sur le terrain si les travaux devaient commencer.

La relance du nucléaire est impossible à défendre !

S’il n’existe pas de solution simple et peu onéreuse pour gérer ces déchets toxiques, l’enfouissement en grande profondeur apparaît techniquement et financièrement irréaliste.
L’Andra et le gouvernement continuent à faire avancer coûte que coûte le projet CIGEO, alors qu’il s’agit sans aucun doute de l’option la plus dangereuse et la plus incertaine, et éthiquement très contestable.

Nos organisations continueront à s’y opposer fermement et à lutter pour stopper la production de ces déchets, dangereux pendant des centaines de milliers d’années et dont on ne sait que faire !

Le Front Associatif et Syndical Contre Cigéo, dont :

Abolition des armes nucléaires – Maison de Vigilance
Amis de la Terre Côte-d’Or
Amis de la Terre France
Arrêt du nucléaire 26-07 Arrêt du Nucléaire 34 Arrêt du nucléaire 79 ASODEDRA
Attac France Burestop55 Cacendr CCOA-ADN75 Cedra
Collectif Halte Aux Nucléaires Gard – CHANG Confédération paysanne Grand Est Confédération Paysanne Meuse
Confédération paysanne nationale
Collectif Arrêt du Nucléaire
Eodra (Elus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs)
France Nature Environnement
Global Chance
Greenpeace France
Habitants Vigilants de Gondrecourt Meuse-Nature-Environnement
Réseau sortir du Nucléaire
Sortir du Nucléaire 21
Sortir du nucléaire 41
Sortir du nucléaire 72
Sortir du nucléaire 75
Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye Sortir du nucléaire Pays nantais
Sortir du nucléaire Touraine Stop-Nucléaire 56
Union syndicale Solidaires
Vosges Alternatives au Nucléaire
Vosges Nature Environnement
Arrêt du nucléaire 26-07 Arrêt du Nucléaire 34
Arrêt du nucléaire 79
ASODEDRA
Attac France
Burestop55
Cacendr CCOA-ADN75
Cedra
Collectif Halte Aux Nucléaires Gard
CHANG
Confédération paysanne Grand Est
Confédération Paysanne Meuse

 

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