« Opposé depuis plus de dix ans au projet de LGV dans le Sud-Ouest, le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) dénonce les taxes nouvelles et maintient qu’il vaut mieux moderniser les lignes existantes
Au Pays basque, le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) a organisé ce mercredi 18 janvier une conférence de presse pour dénoncer, à nouveau, le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), qui réclame 14,3 milliards d’euros pour aménager la future Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. L’argument principal du Cade reste le même : il est selon lui préférable de moderniser la ligne existante plutôt que de construire une LGV.
Le collectif met en avant l’argument du coût, moindre dans cette hypothèse. Et promet qu’une « étude indépendante le prouvera ». Il dénonce les chiffres avancés par SNCF Réseau et décrie l’impact environnemental du projet de LGV, alors que celui d’une modernisation serait « nul » à ses yeux. D’après le Cade, l’argument des temps de parcours est, par ailleurs, un trompe-l’œil. Et le collectif d’annoncer les « vrais temps de parcours avec une ligne modernisée ». Notamment un Bayonne-Bordeaux direct de 1 h 05 et un Bayonne-Bordeaux avec des arrêts à Dax et Mont-de-Marsan de 1 h 17.
L’hypothèse basque
Les défenseurs de l’environnement déplorent aussi « l’engagement pris par les collectivités de financer ce projet de LGV ». À leurs yeux, ces dernières souscrivent aussi à l’évolution des coûts du projet, des coûts non budgétisés, de possibles baisses de subventions et, bien sûr, la suite possible du projet entre Dax et l’Espagne, via le Pays basque français, « estimée à 4 milliards d’euros ». À sujet, le conseiller régional de Bayonne, Mathieu Bergé, rappelait ces derniers mois qu’il s’agit bien de promouvoir la LGV de Bordeaux à Dax, « point ». Mais le Cade a des doutes.
Pas d’expropriations, pas de défrichements, pas de perte de temps ni d’argent, pas de nouveaux ponts et tunnels… Voilà ce que veut le collectif, également critique envers « les impôts nouveaux pour financer la LGV ». Et de rappeler le contenu du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) de 2022, qui prévoit une Taxe spéciale d’équipement (TSE) dont le montant est « actualisé (à la hausse, NDLR) chaque année ». Une taxe fixée à 29,5 millions d’euros (1) et validée dans les communes situées à moins d’une heure en voiture d’une gare LGV.
Des élus se mobilisent
« Dans le cadre du projet de Loi de finances 2023, le Sénat a adopté un amendement visant la création d’une surtaxe régionale à la taxe de séjour pour financer les LGV », ajoute enfin le Cade. Rappelons que des maires comme ceux de Bordeaux, Bayonne et Irún ont, eux aussi, récemment fustigé le projet de LGV, lui préférant également la modernisation de l’existant. L’édile basque, Jean-René Etchegaray, pointe notamment « une fiscalité aveugle » à laquelle 38 communes de son Agglomération sont assujetties.
Le président de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, rappelait quant à lui récemment dans nos colonnes que les retards font courir le risque d’une hausse du prix des matériaux. Citant l’exemple de la LGV Tours-Bordeaux, qu’il voit comme « un succès à la fois populaire et commercial » ayant « entraîné un gain de fréquentation de 10 % sur le trafic TER », Alain Rousset égrenait aussi les avantages d’une LGV, notamment le temps de trajet et le report du trafic routier vers le train, « un gain écologique ». Au Pays basque, il peut notamment compter sur la CCI et le Département, où le président Jean-Jacques Lasserre affirme qu’« un pays qui ne s’ouvre pas est un pays qui se condamne ».
(1) La TSE devait initialement réunir 24 millions d’euros… »