Depuis plusieurs mois, associations et partis politiques sont envahis de prises de position visant à réhabiliter la filière nucléaire; disons-le, une planification est certes nécessaire, penser la transition en terme de recherche l’est tout autant, mais ce qu’il manque dans ces offensives nombreuses, c’est l’accent sur l’incontournable sobriété nécessaire pour aborder les enjeux, plutôt que de toujours rêver à une croissance où le nucléaire continuerait à dominer…tout cela en l’absence d’un vrai projet de gestion publique d’un Service public de l’Energie (cf. le critiquable projet Hercule). Impossible de faire le tour exhaustif du débat emporté qui sévit, mais pour commencer, quelques exemples contradictoires:
...donc, c’est possible: https://www.usinenouvelle.com/article/troquer-le-nucleaire-par-des-renouvelables-en-2050-est-theoriquement-possible-selon-rte-et-l-aie.N1054039 et https://www.rte-france.com/actualites/rte-aie-publient-etude-forte-part-energies-renouvelables-horizon-2050
…ce qui fait peur à la filière du nuke : https://reporterre.net/Un-rapport-pourrait-mettre-a-mal-les-projets-nucleaires-de-l-Etat
…sur fond de pseudo consultation publique, tant elle requiert de compétences techniques pour s’y aventurer: consultation sur l’avenir du « mix électrique à l’horizon 2050 » – Cette consultation (3), ouverte le 27 janvier 2021 pour être clôturée le 5 mars 2021, propose huit scénarios permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 en suivant le cadrage général de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) adoptée par le Gouvernement. Parmi ces huit scénarios, l’un d’entre eux M0 est construit autour de l’objectif d’atteindre 100% d’électricité produite à partir de sources renouvelables. Exemple de témoignage (réseau d’Attac) et arguments Consultation publique RTE[8871]
Un exemple de cette offensive dans Reporterre – « Une cinquantaine de personnalités politiques et économiques de tous bords ont signé, vendredi 12 février 2021, l’appel de l’Association de défense du patrimoine nucléaire et du climat (PNC-France). »
« Ce qui nous rassemble, malgré nos sensibilités diverses, c’est d’être convaincus de l’importance du nucléaire pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre », a expliqué le cofondateur de l’association et ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer au quotidien Le Monde. Le but est de mobiliser les élus des territoires sur lesquels sont implantées des installations nucléaires.
Une cinquantaine de personnalités politiques et économiques de tous bords ont signé, vendredi 12 février 2021, l’appel de l’Association de défense du patrimoine nucléaire et du climat (PNC-France). Parmi elles, plusieurs hommes politiques de droite, comme l’ancien ministre et sénateur de la Meuse Gérard Longuet, promoteur infatigable du projet d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo [1] et le député (Les Républicains) du Vaucluse Julien Aubert [2]. Mais aussi les députés communistes du Puy-de-Dôme André Chassaigne et de Seine-Maritime Sébastien Jumel, et le député socialiste des Pyrénées-Atlantiques David Habib. A également signé l’appel de l’association le probable candidat à la prochaine élection présidentielle, le socialiste Arnaud Montebourg.
Cette initiative se prépare depuis plusieurs mois. La création de l’Association de défense du patrimoine et du climat remonte à septembre 2020, par l’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, l’informaticien Jean-Philippe Brette, l’ancien dirigeant d’entreprise Jacques Masurel, le physicien nucléaire Hervé Nifenecker et l’ingénieur François Poizat. Domiciliée au Sofradom de Boulogne-Billancourt, elle s’est donné pour objet de « contribuer à sensibiliser les citoyens pour défendre le “patrimoine” que constituent les installations nucléaires installées dans leurs villes, départements ou régions et, avec elles, les emplois et les ressources directes et indirectes qu’elles procurent, ainsi que leur effet positif dans la réduction des émissions de CO2 ; de leur fournir des expertises portant sur les problèmes énergétiques et climatiques ; d’agir auprès des instances territoriales, des personnalités politiques, des associations et des acteurs économiques pour faire connaître la valeur dudit patrimoine et son incidence sur les conditions de vie des populations locales ».
Dans un long plaidoyer, publié sur le site du Parti communiste français, cette association et les signataires du texte déplorent qu’« une idéologie antinucléaire d’un autre âge, relayée par de puissants lobbies », ait conduit à des décisions politiques telles que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le projet de réduire la part du nucléaire à 50 % du mix électrique d’ici 2035 contre 75 % aujourd’hui et l’arrêt du programme expérimental Astrid, réacteur à neutrons rapides de quatrième génération. Ils défendent à l’inverse, selon eux, l’importance industrielle et sociale et les bonnes performances environnementales de la filière.
Cette initiative a lieu alors que la décision de construire six nouveaux EPR pour renouveler un parc vieillissant doit être prise par l’exécutif en 2023, après la mise en service de l’EPR de Flamanville.
- Source : Reporterre, avec Le Monde, le Journal officiel et Le Parti communiste français
- Photo : Centrale nucléaire du Tricastin en août 2008. Vpe (Wikipédia)
A contrario, » Le journal de l’Insoumission »n°18 publie un texte du physicien Jean-Marie Brom, où l’exception française est dite une impasse: « Décarboner ou sortir du nucléaire, quelle priorité? »
à suivre…