Journal de l’Environnement http://www.journaldelenvironnement.net/– Le 10 avril 2017 – Butant sur les seuils des moulins, poissons et sédiments ne peuvent accomplir leur périple. Mais les travaux nécessaires pour rétablir la continuité écologique des quelque 5.800 ouvrages qui posent problème sont difficiles à accepter pour leurs propriétaires. Très conflictuel, ce dossier a fait l’objet d’une ambassade, confiée au Conseil général pour l’environnement et le développement durable (CGEDD), qui préconise de dialoguer en amont et au plan régional.
La France compterait environ 19.000 moulins. Un tiers enjambent un cours d’eau dont l’état écologique commande que le propriétaire réalise des travaux[1] pour les rendre franchissables par les poissons et améliorer le transit sédimentaire. Or, après des années de délaissement, les moulins sont devenus un objet de convoitise, tant pour leur valeur historique et patrimoniale que pour leur potentiel de production d’électricité et leur attrait touristique et sportif. Devant les injonctions communautaires de restauration du bon état écologique des masses d’eau, les esprits se sont échauffés et le CGEDD a été envoyé en pompier. Son rapport, qui ambitionne de «concilier la continuité écologique des cours d’eau avec la préservation des moulins patrimoniaux, la très petite hydroélectricité et les autres usages», constitue une véritable opération de sauvetage de cette «épine dans le pied» qu’est devenu au fil des ans le programme de continuité écologique.
Faire retomber la pression
Même s’il est impératif de respecter les engagements européens, le CGEDD le dit tout de go: l’atteinte des objectifs aux échéances fixées est fort compromise. Et le contexte social est difficile, car selon certaines associations, «cette politique, conçue en faveur de l’environnement, contribuerait à altérer ce dernier. Et les réponses apportées ne parviennent pas à désamorcer la propagation de tels propos». Les politiques n’ont pas été en reste, qui ont donné un écho médiatique puissant aux revendications des propriétaires de moulins, furieux qu’on leur impose des travaux.
Démarche collective locale
Comment sortir par le haut de cet imbroglio? Il est nécessaire de «faire davantage confiance aux territoires». Comment? En associant les élus d’un territoire, ainsi que les acteurs auxquels des efforts sont demandés sur leurs propres ouvrages et qui vont bénéficier d’importantes aides publiques pour y parvenir, «à une démarche collective permettant de définir avec eux une vision partagée de la rivière, intégrant l’ensemble des paramètres écologiques mais aussi paysagers, historiques, culturels ou économiques (dont les usages hydroélectriques actuels ou futurs).» Le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) serait le document idéal pour formaliser le fruit de ce dialogue.
Quelque 100.000 obstacles ont été recensés sur l’ensemble des cours d’eau, allant des barrages aux écluses, en passant par les radiers de pont ou les stations hydrométriques, etc. Si les causes physiques sont identifiées, reste qu’aucune instance scientifique (à une exception près) n’a jamais été saisie pour évaluer la pertinence des programmes des agences de l’eau, analyser leurs résultats sur les milieux, évaluer les risques ou effets négatifs induits par les opérations de restauration, ou approfondir les liens avec le changement climatique. La mission recommande que l’Agence française pour la biodiversité (AFB) –dont le conseil scientifique gagnerait à inclure l’histoire, le patrimoine culturel et les paysages dans ses compétences- se saisisse de ces questions.
Potentiel hydroélectrique à évaluer
La mission recommande également d’effectuer une analyse précise du potentiel de très petite hydroélectricité au plan local, au lieu de se reposer sur des propriétaires à la merci de bureaux d’études ou d’équipementiers, «qui tendent à minimiser les coûts d’investissement et de fonctionnement, qui incluent rarement la réfection du seuil, les coûts de raccordement et les exigences de la continuité écologique. Les illusions de rentabilité ainsi entretenues auprès des propriétaires deviennent ensuite une source de malentendus, de contentieux avec les entreprises et de blocages avec l’administration.»
Un label ‘moulins patrimoniaux’
Enfin, les «usages induits» comme la pêche, les baignades, les pompages en rivière ou dans la nappe d’accompagnement ou le canoë-kayak devraient être anticipés, «plutôt que d’avoir à imaginer, souvent de manière précipitée et avec des oppositions déjà formées, des mesures correctives une fois les projets établis pour chaque ouvrage». Quant à la dimension patrimoniale des moulins, le CGEDD recommande que le ministère de la culture crée un label ad hoc, avec à la clé des «solutions douces».
[1] Dérasement, arasement partiel ou simple brèche dans le seuil, rampe en enrochements ou une succession de micro-seuils, réalisation d’un bras de contournement, passe à poissons ou encore enlèvement ou ouverture des vannes.
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Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées !
Le permis d'aménager ne doit pas être accordé, puisque d'autres solutions existent pour éviter la destruction de 12 hectares de barthes.
Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées
Les barthes sont des zones humides qui jouent un rôle majeur pour préserver la ressource en eau, lutter contre les canicules, maintenir la biodiversité mais aussi pour prévenir des inondations les quartiers environnants. Leur destruction est interdite pour des projets qui peuvent se dérouler ailleurs ou autrement. C'est l'esprit de la loi et de la séquence « Eviter, réduire, compenser » qui impose d'éviter en tout premier lieu. C'est aussi pour cela que le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) a émis un avis défavorable au projet.
Le permis d'aménager demandé par la SEPA sur le CEF (Centre Européen de Fret) pour remblayer 12 ha de barthes ne doit pas être accordé par le Maire de Mouguerre :
- L'activité de l'entreprise DJO (Enovis) n'est pas liée au fret ferroviaire et on peut éviter de détruire les 3,3ha qui lui sont dévolus. D'autres implantations sont possibles : les friches industrielles du site des Salines tout proche du CEF, ou des emplacements déjà aménagés à Saint-Martin-de-Seignanx par exemple. Rien ne justifie qu'on l'installe sur les barthes.
- Le remblaiement pour les aménagements ferroviaires est prématuré. Britanny ferries (nouvel opérateur ferroviaire) peut commencer son activité dans l'espace déjà remblayé du CEF sans toucher aux barthes. Les autres opérateurs présents sur le CEF n'ont pas prévu leur éventuelle extension avant 2025. Le projet de Brittany ferries étant de transporter des camions d'Irlande en Espagne (camions actuellement sur des bateaux entre ces deux pays), il serait par ailleurs plus judicieux que ses trains (en provenance du port de Cherbourg) roulent jusqu'en Espagne pour éviter un surplus de camions sur l'A63 entre Mouguerre et la frontière.
- Le cadre de vie des riverains doit être préservé, et l'interdiction d'accès au CEF par la route de Briscous maintenue, comme c'était le cas jusqu'en 2022 avant la révision du PLU de Mouguerre. Le nouvel accès prévu (qui s'éloigne du noeud autoroutier) va aggraver les conditions de circulation déjà très difficiles sur ce secteur pour les habitants de Lahonce, Briscous, Mouguerre et au-delà. Les investissements publics doivent se tourner pour améliorer les transports du quotidien.
- Le remblaiement des barthes va aggraver les risques d'inondation des quartiers environnants sur Lahonce et Mouguerre, d'autant plus avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes.
- Les impacts de cet aménagement débordant largement du CEF et affectant les habitants de Mouguerre et des communes voisines, ce permis d'aménager aurait dû faire l'objet d'une vaste concertation avec l'ensemble des habitants, des associations, des élus des communes voisines, du SCoT.
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