Un dossier que le CADE suit avec les opposants du Val de Suze no-TAV – Le parti pris de MEDIAPART – Manœuvre. La ligne ferroviaire Lyon-Turin (TAV) ne se fera pas, a annoncé en fin de semaine le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio. Une annonce de plus, dans l’océan de déclarations et contre-déclarations de ce gouvernement décidément très bancal depuis sa prise de fonctions, il y a huit mois. Car si le Mouvement Cinq Etoiles est depuis longtemps opposé à ce vaste chantier de transport de marchandises, le parti d’extrême droite avec qui il est allié au gouvernement, lui, en est en fervent partisan. Après avoir reculé sur presque toutes ses promesses de campagne, Di Maio tente donc une énième manœuvre pour exister dans cet exécutif où le chef de la Ligue Matteo Salvini a pris toute la place.
Et si, cette fois-ci, l’annonce augurait d’une bonne nouvelle ?
Le dossier du TAV, lancé par un traité entre Rome et Paris en 2001 et que Mediapart suit depuis longtemps (voir cette enquête dès 2012, et ce reportage dans la commune de Villarodin-Bourget côté français), est un concentré d’aberrations sur fond de subventions européennes. Projet inutile aux conséquences environnementales désastreuses doublant une ligne ferroviaire déjà existante et impliquant, côté italien, des entreprises liées à la mafia, le TAV est un gouffre financier financé à 40 % par l’Union européenne qui va avaler, officiellement, 8,6 milliards d’euros.
La forte mobilisation dans le Val du Suze en première ligne de ce chantier a en outre donné lieu à une répression féroce, dont Erri de Luca, entre autres, a été victime (relire nos entretiens ici et là). Condamné à huit ans de prison ferme pour incitation au sabotage du chantier, l’écrivain et alpiniste italien a finalement été relaxé en 2015. Mais des dizaines d’autres militants no-TAV ont été poursuivis par la justice italienne et assignés à résidence.
Mi-février, à Rome, une commission parlementaire doit rendre publique une analyse coûts-bénéfices commandée par le ministre des Transports et membre des Cinq Etoiles Danilo Toninelli. Le moment viendra peut-être enfin de prendre une décision raisonnée sur ce dossier, alors que les rapports défavorables, les alertes et les recours n’ont cessé de s’accumuler de tous côtés (voir notre papier publié l’an dernier). Les prévisions de circulation de marchandises entre France et Italie, en particulier, se sont avérées complètement erronées. En 2006, l’enquête publique menée côté français tablait sur le passage de 2,8 millions de poids lourds par les tunnels de Fréjus et du Mont-Blanc pour 2017. Mais en 2017, seulement 1,4 million de camions ont emprunté cet itinéraire.
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Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées !
Le permis d'aménager ne doit pas être accordé, puisque d'autres solutions existent pour éviter la destruction de 12 hectares de barthes.
Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées
Les barthes sont des zones humides qui jouent un rôle majeur pour préserver la ressource en eau, lutter contre les canicules, maintenir la biodiversité mais aussi pour prévenir des inondations les quartiers environnants. Leur destruction est interdite pour des projets qui peuvent se dérouler ailleurs ou autrement. C'est l'esprit de la loi et de la séquence « Eviter, réduire, compenser » qui impose d'éviter en tout premier lieu. C'est aussi pour cela que le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) a émis un avis défavorable au projet.
Le permis d'aménager demandé par la SEPA sur le CEF (Centre Européen de Fret) pour remblayer 12 ha de barthes ne doit pas être accordé par le Maire de Mouguerre :
- L'activité de l'entreprise DJO (Enovis) n'est pas liée au fret ferroviaire et on peut éviter de détruire les 3,3ha qui lui sont dévolus. D'autres implantations sont possibles : les friches industrielles du site des Salines tout proche du CEF, ou des emplacements déjà aménagés à Saint-Martin-de-Seignanx par exemple. Rien ne justifie qu'on l'installe sur les barthes.
- Le remblaiement pour les aménagements ferroviaires est prématuré. Britanny ferries (nouvel opérateur ferroviaire) peut commencer son activité dans l'espace déjà remblayé du CEF sans toucher aux barthes. Les autres opérateurs présents sur le CEF n'ont pas prévu leur éventuelle extension avant 2025. Le projet de Brittany ferries étant de transporter des camions d'Irlande en Espagne (camions actuellement sur des bateaux entre ces deux pays), il serait par ailleurs plus judicieux que ses trains (en provenance du port de Cherbourg) roulent jusqu'en Espagne pour éviter un surplus de camions sur l'A63 entre Mouguerre et la frontière.
- Le cadre de vie des riverains doit être préservé, et l'interdiction d'accès au CEF par la route de Briscous maintenue, comme c'était le cas jusqu'en 2022 avant la révision du PLU de Mouguerre. Le nouvel accès prévu (qui s'éloigne du noeud autoroutier) va aggraver les conditions de circulation déjà très difficiles sur ce secteur pour les habitants de Lahonce, Briscous, Mouguerre et au-delà. Les investissements publics doivent se tourner pour améliorer les transports du quotidien.
- Le remblaiement des barthes va aggraver les risques d'inondation des quartiers environnants sur Lahonce et Mouguerre, d'autant plus avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes.
- Les impacts de cet aménagement débordant largement du CEF et affectant les habitants de Mouguerre et des communes voisines, ce permis d'aménager aurait dû faire l'objet d'une vaste concertation avec l'ensemble des habitants, des associations, des élus des communes voisines, du SCoT.
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