Vous avez dit « ZAD »? Parlons plutôt « Démocratie ».

« La moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres », s’inquiètent les élus du Sud-Gironde. L’installation de militants anti-LGV sur une zone symbolique du tracé n’est pas à exclure. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a prévenu : l’État ne se laissera pas faire… » Et nous voici en effet prévenus, pointe un article de Sud Ouest

ZAD, zone à défendre, le dernier mot à la mode chez le ministre de l’Intérieur…
Chacun de nous a sa zone à défendre avec ses limites acceptables, et collectivement c’est celle du futur tracé de LGV du GPSO, contre lequel l’Enquête publique a été gagnée par la population et qui est revenu par la fenêtre du Conseil régional d’A. Rousset puis de l’Etat par une DUP sans consultation populaire (Déclaration d’Utilité Publique). Faire accepter un projet, ce n’est pas non plus par l’usage de la force en démocratie, mais par la qualité des arguments: pour cette LGV, on en est loin, le CADE notamment l’a démontré!
Mr. Darmanin a employé les grands mots pour faire peur, et il est bon de rappeler qu’une élection de Président – on n’élit pas les ministres, c’est lui qui les choisit – c’est un mandat de représentation, pas un blanc seing pour agir contre l’intérêt des populations quand elles ont dit « Non! ».
Tradition oblige d’ailleurs: des siècles de résistance en France montrent que tout n’est pas permis; vous apprécierez sans doute ce clin d’oeil, en forme de discret rappel d’une tradition multi-centenaire, la ZAD! 🙂😇

Le sujet ne prête pas à rire pourtant, après le désastre de la contestation des bassines à Ste Soline: tous nous avons pu suivre et réfléchir à la situation démocratique sur un projet touchant ici à l’agriculture intensive et partage de la ressource en eau…Les impacts en sont multiples, soulignons aujourd’hui un des effets: la menace de dissolution d’une association « Les soulèvements de la Terre » ainsi que celle de la suppression des subventions à la LDH (Ligue des Droits de l’Homme, observatrice dans les évènements sociaux et sociétaux). Une mobilisation de soutien s’est crée dans les deux cas.  

Ci-dessous, le communiqué de la LDH, rappelant son histoire et la gravité du moment, ainsi que la pétition des « Soulèvements de la Terre »:

 

🔴La Ligue des droits de l’Homme appelle au combat pour les libertés et la démocratie

Lors de son audition au Sénat sur la question de la manifestation contre la « mégabassine » de Sainte-Soline, le ministre de l’Intérieur Gérald #Darmanin a remis en cause les subventions publiques attribuées à la LDH ( Ligue des droits de l’Homme ). Cette menace est d’une particulière gravité. La LDH a été créée par des esprits résistants mus par l’impérieuse nécessité de combattre l’injustice antisémite faite au capitaine #Dreyfus, au nom de la raison d’Etat.

Elle a depuis lors été de tous les combats historiques de la République : la loi de 1905 sur la laïcité, les projets d’émancipation, la lutte contre le fascisme et l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH). Elle a toujours travaillé dans un souci de dialogue franc et constant avec les institutions. Sous le régime de Vichy, elle fut dissoute et grand nombre de membres de la LDH résistants furent arrêtés, assassinés et/ou déportés. Elle s’est reconstituée pour participer à la reconstruction d’une France meurtrie par les atrocités de la guerre et de l’occupation. Elle n’a eu de cesse de se mobiliser pour soutenir les projets de liberté, d’égalité et de fraternité en défense permanente de l’Etat de droit.

Les attaques dont elle fait aujourd’hui l’objet sont notamment la conséquence de son travail sur cette défense de l’Etat de droit basé sur l’observation des pratiques policières et l’exigence d’une désescalade, indispensable au maintien de l’ordre républicain pour protéger le droit de manifester inscrit au cœur de notre contrat social.

Les subventions accordées aux associations constituent une pierre fondamentale de l’édifice démocratique promu par les organisations internationales et européennes. Elles sont indispensables en démocratie pour permettre la contestation des excès de pouvoir et de l’arbitraire. Supprimer ou diminuer ces subventions est l’un des moyens traditionnels utilisés par les régimes autoritaires pour affaiblir l’équilibre entre pouvoir et contrepouvoirs, sans lequel une démocratie est anéantie.

Ces menaces ne visent pas la seule LDH. Elles sont le symptôme du projet historique de la réaction contre « Les Lumières », de l’autoritarisme contre les libertés. Il y a urgence à lui opposer un refus ferme et large. La LDH sonne l’alarme et appelle celles et ceux qui ont à cœur de défendre notre modèle démocratique, celles et ceux qui, au sein des institutions de la République, disposent des moyens de s’opposer à ce projet délétère, à s’engager à ses côtés avec détermination.

Paris, le 6 avril 2023

PETITION -Déjà plus de 70 000 signataires à l’appel des Soulèvements de la Terre, menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin : voir le site https://lessoulevementsdelaterre.org/…/nous-sommes-les…

« Nous sommes les Soulèvements de la terre

Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte.

Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre. »

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