Après le rapport Spinetta, dont on ne sait pas encore quelles décisions le gouvernement va tirer, voici un communiqué:
—- Communiqué de presse de « Oui au train de nuit » —–21 février 2018
Le rapport Spinetta « oublie » le climat et le train de nuit
Le rapport Spinetta sur « l‘avenir du transport ferroviaire » a été rendu public le 15 février. Il pose un constat que le collectif « oui au train de nuit » partage : « une insatisfaction croissante, de la part des usagers […], l’offre est en recul ». Pour rappel, de nombreux Intercité de nuit ont été supprimés ces dernières années. Malheureusement, le rapport émet des propositions préoccupantes pour les usagers : supprimer de nombreuses « petites lignes » et privilégier les métropolesau risque de délaisser de nombreux territoires ruraux.
De nombreux témoignages d’usagers du sud de la France soulignent la difficulté de se déplacer depuis le démantèlement des trains de nuit. Or le rapport Spinetta va encore plus loin dans une logique comptable : « Au-delà de 700 kilomètres, […] pour le TGV […] le coût est un peu inférieur à 6 centimes d’euros du siège kilomètre offert […] alors qu’il est d’environ 5 centimes pour une compagnie low-co
st ». Et pourtant, un avion émet près de 200 kg de CO2 par passager contre 9,35 kg pour le train (pour un trajet de 700 km, source ADEME). Or à l’avenir, pour lutter contre le changement climatique, émettre du CO2 aura un coût. La Loi de Transition Energétique prévoit une taxe sur la tonne de CO2 : de 56 euros en 2020 à 100 euros en 2030. Il sera donc nécessaire d’ajouter 1,3 à 2,4 centimes au coût de production de l’avion qui devient alors de 6,3 à 7,4 centimes / km, soit plus que le train. Pour l’instant, l’aviation est totalement exonérée de taxe sur le carburant, ce qui représente un manque à gagner de 2,8 milliards par an pour l’État. D’importantes subventions régionales en faveur du low-cost faussent également la concurrence.
En affirmant que « la zone de pertinence économique du TGV est limitée aux destinations de trois heures et moins », le rapport conduit à rechercher une solution alternative pour les nombreuses villes du sud situées à plus de 4 heures par TGV de Paris et pour les liaisons transversales (les trajets Nice-Bordeaux, Perpignan-Nantes, ou Tarbes-Strasbourg demandent plus de 8h en train de jour !). Or il existe une alternative « oubliée » par l’ancien PDG d’Air France, M. Spinetta :le train de nuit présente de sérieux atouts qui permettraient de compléter l’offre TGV. Point positif, interrogée sur le rapport Spinetta, la Ministre des Transport regrette qu’« on laisse se dégrader la qualité du service dans les trains de nuit jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de voyageurs et qu’on arrête ces trains »… sauf que, malgré la très mauvaise qualité de service, les trains de nuit ont des taux d’occupation élevés et ils sont plébiscités par leurs utilisateurs. Alors que les voitures-couchette ont besoin d’être renouvelées, il manque juste une volonté de l’État pour relancer l’activité…
La mobilisation « Oui au train de nuit » continuera avec une semaine d’action européenne du 7 au 15 avril. Les arguments sont nombreux : le train de nuit est le seul transport à faible empreinte environnementale pour parcourir 800 km, arriver tôt à destination et faire l’aller-retour dans la journée. « Avec les trains de nuit, une heure suffit pour traverser l’Hexagone : 1/2 h pour s’endormir, et 1/2 h pour se réveiller ».
Photo : Mobilisation pour la « dernière » circulation du train de nuit Paris-Tarbes-Irun le 1er juillet 2017 : « moins cher que le TGV, plus écolo que l’avion et plus confortable que le bus ».