Verre perdu contre bouteilles consignées : quel bilan pour le climat?
17 /02 https://www.zerowastefrance.org
Depuis la création d’Eco-Emballages en 1992, la plupart des systèmes de consigne pour réemploi [1] des emballages ménagers qui existaient encore ont périclité. Les circuits visant à approvisionner les professionnels (principalement cafés hôtels restaurants) ont quant à eux perduré, mais sont en perte de vitesse face au recul de l’offre d’emballages réutilisables par rapport au recyclable. De nouvelles initiatives, souvent en lien avec les producteurs locaux, renaissent cependant un peu partout en France. Elles méritent toute l’attention et le soutien des pouvoirs publics et des citoyens soucieux de lutter contre les changements climatiques, car face à ce défi, le retour de la consigne pour réemploi constitue dans certaines conditions un atout majeur pour les territoires.
Moins d’émissions de GES sur le cycle de vie de la bouteille consignée localement
Dans certaines conditions, une bouteille en verre consignée peut émettre jusqu’à 80% moins de gaz à effet de serre (GES) qu’une bouteille à usage unique sur l’ensemble de son cycle de vie [2] (cf. schéma ci-dessous). On considère dans cette étude une bouteille réutilisée 20 fois et une distance de distribution moyenne de 260 km. Le scénario de l’étude évalue à 65% le taux de recyclage du verre trié par le consommateur.
Cycles de vie d’une bouteille consignée (à gauche) et d’une bouteille recyclée (à droite). Source : Deroche Consultants, 2009.
Un bilan comparatif de plusieurs études ACV publié par l’Ademe en 2008 [3] concluait quant à lui que la variable clé était, bien sûr, la distance de transport. Sur de très longues distances (comme par ex. une hypothèse à 1800 km), le bilan s’inverse en termes de contribution à l’effet de serre. Mais à ce qui correspond à l’échelle d’une région française, le bénéfice est net : au minimum 60% de moins [4]. A quand la réinvention complète de nos systèmes de distribution pour adopter à la fois cette échelle régionale (ce n’est pas le cas actuellement) et le réemploi des bouteilles ? En outre, l’actuel essor de la consommation en circuits courts (Amap, paniers paysans, Ruche qui dit oui…) pourrait soutenir le développement des produits consignés.
Consigner pour éviter, repousser la refabrication
La bouteille consignée vit plusieurs cycles ; chaque fois, elle subit un passage en station de lavage avant retour chez le producteur. La bouteille à usage unique est quant à elle – lorsqu’elle a bien été triée – réduite à l’état de calcin avant d’être refondue afin de redevenir une bouteille.
La fabrication du verre consomme 15 fois plus d’énergie que le seul lavage d’une bouteille [5], contribuant donc ainsi d’autant aux changements climatiques. C’est ce facteur qui est prépondérant dans la comparaison des deux systèmes.
Le saviez-vous ? La consigne existe toujours en France
En France, la consigne persiste malgré une réglementation peu favorable [6]. De nombreux cafés hôtels restaurants (CHR) ont encore recours à ce système : ils sont livrés en bouteilles pleines et les bouteilles vides leur sont reprises. Les CHR qui se fournissent directement en magasins jettent, dans 95% des cas [7], les bouteilles aux ordures ménagères, le geste de tri étant laissé à leur bonne volonté. Le réemploi des bouteilles dans les CHR est donc une action réellement pertinente qui permet annuellement l’évitement de 500 000 tonnes de déchets en France [8]. Une étude de l’Ademe de 2010 reconnaît d’ailleurs l’intérêt pour le climat de cette pratique : “Le verre consigné est ainsi [dans les CHR, NDLR] en moyenne moins impactant de 50% pour l’indicateur “effet de serre”.”[9]
Ces atouts (et d’autres, tant économiques que sociaux) expliquent que plusieurs expérimentations soient actuellement menées en France pour tester la faisabilité et l’intérêt d’un retour de la consigne pour les particuliers. Collectivités et autres acteurs locaux œuvrent à cela notamment dans le Var et dans le Nord, tout en développant leur expertise et les retours d’expériences au sein du Réseau Consigne [10]. Il est maintenant à espérer que ces expérimentations inspirent d’autres actions pour que la consigne passe à une dimension supérieure.
[1] Système dans lequel une petite somme d’argent, la consigne, est appliquée sur la bouteille qui, après usage, est ramenée par le consommateur pour être déconsignée (afin de récupérer cette somme) dans le but d’être réutilisée, remplie de nouveau.
[2] « Le potentiel de réchauffement climatique lié aux émissions de GES exprimés en kg de CO2 équivalent représente pour le consigné 21 % des émissions dans l’air dégagées par le verre à usage unique sur la totalité du cycle de vie. » Etude Deroche Consultants, « Bilan environnemental de la bouteille en verre consignée « 75 cL Alsace » commercialisée dans l’Est de la France par comparaison avec une bouteille en verre à usage unique« , 2009
[3] Bilan des connaissances économiques et environnementales sur la consigne des emballages boissons et le recyclage des emballages plastiques – Rapport final – Octobre 2008 Étude réalisée pour le compte de l’ADEME par RDC-Environnement.
[4] Source étude Ademe, page 55
[5] Source étude Deroche, page 32
[6] Voir http://cniid.org/Le-point-sur-La-consigne-des-bouteilles-1e,181
[7] Source Fédération Nationale des Boissons, “Impact de la logistique retour sur la collecte des emballages perdus en CHD”, 2013
[8] Source Fédération Nationale des Boissons, Filière “Emballages en CHD”, 2012
[9] « Le conditionnement des boissons (bière, eau, jus) en bouteilles en verre consignées pour les cafés hôtels et restaurants a toujours un impact environnemental inférieur au verre à usage unique sur les indicateurs d’impacts principaux. Le verre consigné est ainsi en moyenne moins impactant de 50% pour l’indicateur “effet de serre”. » Etude Ademe, « Emballages industriels : évaluation environnementale, économique et sociale de l’intérêt comparé entre réutilisation et usage unique – Emballages consignés en cafés hôtels et restaurants« , 2010
[10] www.reseauconsigne.com
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Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées !
Le permis d'aménager ne doit pas être accordé, puisque d'autres solutions existent pour éviter la destruction de 12 hectares de barthes.
Les dernières barthes du CEF de Mouguerre doivent être préservées
Les barthes sont des zones humides qui jouent un rôle majeur pour préserver la ressource en eau, lutter contre les canicules, maintenir la biodiversité mais aussi pour prévenir des inondations les quartiers environnants. Leur destruction est interdite pour des projets qui peuvent se dérouler ailleurs ou autrement. C'est l'esprit de la loi et de la séquence « Eviter, réduire, compenser » qui impose d'éviter en tout premier lieu. C'est aussi pour cela que le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature) a émis un avis défavorable au projet.
Le permis d'aménager demandé par la SEPA sur le CEF (Centre Européen de Fret) pour remblayer 12 ha de barthes ne doit pas être accordé par le Maire de Mouguerre :
- L'activité de l'entreprise DJO (Enovis) n'est pas liée au fret ferroviaire et on peut éviter de détruire les 3,3ha qui lui sont dévolus. D'autres implantations sont possibles : les friches industrielles du site des Salines tout proche du CEF, ou des emplacements déjà aménagés à Saint-Martin-de-Seignanx par exemple. Rien ne justifie qu'on l'installe sur les barthes.
- Le remblaiement pour les aménagements ferroviaires est prématuré. Britanny ferries (nouvel opérateur ferroviaire) peut commencer son activité dans l'espace déjà remblayé du CEF sans toucher aux barthes. Les autres opérateurs présents sur le CEF n'ont pas prévu leur éventuelle extension avant 2025. Le projet de Brittany ferries étant de transporter des camions d'Irlande en Espagne (camions actuellement sur des bateaux entre ces deux pays), il serait par ailleurs plus judicieux que ses trains (en provenance du port de Cherbourg) roulent jusqu'en Espagne pour éviter un surplus de camions sur l'A63 entre Mouguerre et la frontière.
- Le cadre de vie des riverains doit être préservé, et l'interdiction d'accès au CEF par la route de Briscous maintenue, comme c'était le cas jusqu'en 2022 avant la révision du PLU de Mouguerre. Le nouvel accès prévu (qui s'éloigne du noeud autoroutier) va aggraver les conditions de circulation déjà très difficiles sur ce secteur pour les habitants de Lahonce, Briscous, Mouguerre et au-delà. Les investissements publics doivent se tourner pour améliorer les transports du quotidien.
- Le remblaiement des barthes va aggraver les risques d'inondation des quartiers environnants sur Lahonce et Mouguerre, d'autant plus avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes.
- Les impacts de cet aménagement débordant largement du CEF et affectant les habitants de Mouguerre et des communes voisines, ce permis d'aménager aurait dû faire l'objet d'une vaste concertation avec l'ensemble des habitants, des associations, des élus des communes voisines, du SCoT.
[signature]