Rien n’étant jamais simple, la période est à la publication d’avis contradictoires:
- Le maire d’Irun demande, comme nous l’avons écrit, la modernisation de la voie existante Bordeaux-Dax, afin que sa nouvelle gare ne soit pas inutile…(cf. soutenu par le CADE, « L’Appel d’Irun », 2023_01_03_APPEL MODERNISATION LIGNE BORDEAUX BAYONNE IRUN V5[37022] )
- ( image Mediabask) Mais Iñigo Urkullu, le président de Communauté autonome basque exige que la connexion ferroviaire avec Irun se fasse pour 2030. Or, le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) préconise le lancement des études pour le tronçon Dax-Irun seulement entre 2038 et 2042…à supposer que ce soit faisable, y compris techniquement, et contre l’opposition massive d’élus, associations et citoyens! Le corridor européen est revendiqué par lui tout comme par A.Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a besoin de la subvention européenne pour éponger une partie du gouffre financier de sa « danseuse ». Article de Mediabask: https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20230316/lgv-inigo-urkullu-met-la-pression
Le président de la Communauté autonome basque, Iñigo Urkullu, a convoqué une réunion, le lundi 13 mars, dans son palais de Ajuria Enea, à Gasteiz, avec les présidents des communautés autonomes de Galice, Asturies et Cantabrie, Alfonso Rueda, Adrián Borbon et Miguel Ángel Revilla. Entouré de ses homologues, il a regretté le « retard pris par la France » sur le réseau de transport atlantique.
Un éventuel report à 2042 du tronçon entre Bordeaux et Dax, sans calendrier précis pour Dax-Irun, « signifierait un manquement très grave des engagements de l’État français » concernant le réseau atlantique, d’après Iñigo Urkullu. Mais surtout, cela voudrait dire qu’on passerait à côté de « l’opportunité de se connecter de manière efficace au réseau européen ». Il exige ainsi que la Commission européenne et Madrid fassent pression sur Paris afin que la connexion ferroviaire se fasse pour 2030.
Des études en 2038-2042
Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) ne l’entend pas ainsi. Chargé de l’analyse de l’ensemble des infrastructures de mobilité de l’Hexagone, il propose une planification nouvelle sur quatre quinquennats en prenant en compte l’évolution des perspectives et la demande faite par le Gouvernement. Le COI a reçu en tant que contribution écrite, l’Appel des maires d’Irun, Bayonne et Bordeaux, pour l’amélioration des lignes existantes. Le rapport note que le raccordement Dax-Espagne « n’a pas encore fait l’objet d’une DUP (déclaration d’utilité publique), et méritera des études approfondies d’insertion dans le contexte géographique et urbain de la côte basque ».
C’est ainsi que le COI propose un report des délais actuels dans l’ensemble du projet du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO) avec pour le Sud-Gironde-Dax une « mise en service vers 2042, et l’engagement des études de Dax-Espagne au quinquennat 2038-2042 ». Le lacement des principaux travaux ne serait prévu qu’après 2043.
Malaise au PNV
De toute évidence, ce rapport crée un malaise au sein du PNV. Le député au parlement espagnol Aitor Esteban (PNV) interrogeait le 22 février le président du gouvernement espagnol sur le sujet. Il a rappelé que lors du sommet franco-espagnol de Barcelone du 19 janvier, les membres des gouvernements français et espagnol s’étaient engagés à achever les infrastructures en 2030, en débutant les travaux en 2024. Or, le rapport du COI signalant tout autre chose, le député a demandé au président de lui confirmer si un report de la connexion du réseau atlantique est prévu. Et le mandataire espagnol de lui répondre que « l’engagement est toujours en vigueur », qu’il est « surpris par le [contenu du] rapport » et qu’il « espère que le gouvernement français tiendra les délais ».
Pourtant, le Traité d’amitié et de coopération signé à Barcelone entre Pedro Sanchez et Emmanuel Macron ne parle pas à proprement parler de LGV, mais de la promotion de projets « nécessaires pour favoriser une mobilité sûre, aisée et durable des voyageurs et des marchandises transitant d’un pays à l’autre, notamment dans le cadre des Réseaux transeuropéens de transport » (paragraphe 5 de l’Article 26 du traité).
Le gouvernement français s’aligne
Le 24 février, le COI remettait officiellement le rapport à Élisabeth Borne. Dans le discours de la Première ministre aucune mention de la LGV. Elle parle « du développement des transports du quotidien » et de « planification écologique ambitieuse en matière de mobilité » dans le cadre de la décarbonation. En accord avec les orientations exprimées par le COI, qui propose d’écarter la planification actuelle et d’opter pour « une logique nouvelle de planification écologique », la Première ministre priorise le ferroviaire, « colonne vertébrale des mobilités ». L’État s’engagera ainsi dans un investissement de « l’ordre de 100 milliards d’euros d’ici 2040 » pour « mettre un terme au vieillissement du réseau et le moderniser ».
385,6 millions destinés à l’Y Basque
Au président Urkullu, il ne lui reste plus qu’à taper à toutes les portes pour revendiquer l’arc atlantique « comme axe d’action prioritaire en Europe. » C’est ainsi que, notamment, le 28 janvier il s’est réuni avec Alain Rousset pour le convaincre de cette nécessité.
Chaque année, plus de la moitié des investissements de l’État espagnol dans la Communauté autonome basque sont assignés au TGV. Cette année le Budget général de l’État prévoit 17,9 % de plus qu’en 2022 pour le ferroviaire basque, 385,6 millions seront destinés au TGV.
Pour le gouvernement basque, la construction du réseau ferroviaire est cruciale. Au vu des priorités marquées par la France, si les prévisions se confirment, les lignes existantes ont de beaux jours devant eux au Pays Basque Nord, tandis qu’Iñigo Urkullu risque de se retrouver avec un macro projet obsolète.
https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20230316/la-ligne-a-grande-vitesse-pas-avant-2043
La ligne à grande vitesse, pas avant 2043
EDITO – Le gouvernement d’Élisabeth Borne a revu sa position sur les grands projets de LGV. La ligne Bordeaux-Irun est concernée, les représentants politiques du Pays Basque Sud s’en inquiètent.
Goizeder Taberna. © Guillaume FAUVEAU
Sur la question de la ligne à grande vitesse, Iñigo Urkullu (PNV), le président de la Communauté autonome basque, ne sait plus sur quel rail danser. Son partenaire semble l’avoir lâché. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre la cheffe du gouvernement français, Élisabeth Borne, lors de son discours du 24 février. Elle a annoncé un changement de direction sur la question du ferroviaire, qui s’inscrit dans la « planification écologique » de l’exécutif. Une vision sur la question des transports inspirée du dernier rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), son nouvel aiguilleur. Cette instance consultative qui dépend du Gouvernement préconise le développement des transports du quotidien et reporte aux calendes grecques les grands projets tels que les GPSO (Grands Projets ferroviaires du Sud Ouest) dont fait partie la nouvelle ligne à grande vitesse entre Bordeaux, Toulouse et Irun. Résultat, pour le tronçon au sud de Dax, le Gouvernement planche sur un lancement des études à l’orée du quinquennat 2038-2042 et les travaux après 2043. Reste à voir s’il transforme ces promesses en actes. Au regard des variations sur sa position ces dernières années, la vigilance est de mise.
En attendant, Élisabeth Borne s’est engagée à ce que l’État consacre d’ici la fin du quinquennat un milliard d’euros par an pour la régénération du réseau et 500 millions d’euros pour sa modernisation. Elle a confirmé la volonté déjà exprimée par le président Macron de développer le RER. Modernisation des lignes existantes, train du quotidien… tous ces termes résonnent au Pays Basque Nord où de nombreux élus, dont une quarantaine de maires ont relayé l’Appel d’Irun, lancé par les maires d’Irun, Bayonne et Bordeaux pour la réhabilitation des lignes existantes pour une connexion plus rapide avec l’Y Basque, le TGV entre Bilbo et Iruñea. Du reste, le COI évoque cet appel dans son rapport. Cela prouve que l’opposition au projet de la majorité des élus de la Communauté d’agglomération Pays Basque et de nombreux mouvements politiques et associations de ce côté-ci de la Bidassoa est fondée. Leurs arguments ne sont pas aussi absurdes que ce que veulent faire croire les Iñigo Urkullu et autres Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine.
Après une période plutôt favorable aux Grands Projets ferroviaires du Sud Ouest, sous Jean Castex, entre 2020 et 2022, et l’espoir pour le locataire d’Ajuria Enea d’une connexion européenne à une échéance convenable – en tout cas en adéquation avec son calendrier électoral-, le modèle LGV vacille. Les sommes colossales investies pour l’Y Basque, ses conséquences environnementales incommensurables sur la biodiversité et le réseaux hydraulique, défigurant les paysages et accentuant l’artificialisation des sols, signent le plus grand fiasco du gouvernement conduit par le PNV. Faut-il voir l’abstention ou le vote favorable au projet de LGV des représentants du Parti nationaliste basque au sein de la Communauté d’agglomération Pays Basque comme un signe d’indifférence face à cette aberration ? Leur silence sur ce dossier pourtant majeur, et qui mobilise les acteurs du territoire, interroge.
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