ReSTart – C’est le terme de la Concertation préalable…et ReSTart va sans doute se concrétiser!

Ce nouveau projet industriel porté par Verso Energy à Tartas (Landes), à base de CO2 issu de la vapeur rejetée lors de l’utilisation de biomasse par Ryam et perdu dans l’atmosphère sinon, nous l’avons décrit précédemment: il s’inscrit dans la cohorte des nouveaux projets industriels de décarbonation du carburant pour l’aviation. « Plus vert, plus durable, pas possible! « , sauf que ce n’est pas si simple, même pour un projet qui se définit grâce au cycle vertueux de récupération du carbone industriel

VOIR NOTRE ARTICLE DE PRESENTATION: ReSTart – un projet de e-carburant pour l’aviation à Tartas (40) | CADE : Collectif des Associations de Défense de l’Environnement du Pays-Basque et du sud des Landes

 Pas si simple, parce que, à part les affirmations vertueuses des Industriels lors de la Concertation préalable et réitérées lors de la séance de clôture (sorte de gros câlin fait pour amadouer élus et citoyens), et parce que le CADE en a vu passer des « câlineurs » industrieux, nous restons sceptiques sur le point qui fâche: doit-on utiliser autant d’eau, autant d’énergie électrique, pour faire voler des avions toujours plus nombreux? La vraie question sur le carburant de l’aviation n’est pas sa nature: la vraie question c’est l’absence de sobriété énergétique pour les déplacements de quelques uns, au détriment des déplacements terrestres de tous. En bref, où est l’intérêt général? Il est nécessaire de souligner que le développement du trafic aérien, et même son maintien au niveau actuel avec conversion aux CAD (SAF/ e-SAF), se heurte à une impasse technique et écologique. Voilà, à notre avis, quelle doit être la position du CADE.

Ainsi, permettre à Mr Bayrou de passer 27 min au salon de Biarritz, sur la géothermie, en faisant l’aller et retour avec Villacoublay en avion privé doit-il être un objectif porté par la France?  Outre le coût pharaonique d’un tel déplacement pour le contribuable (parce qu’il le vaut bien, certainement), c’est tout de même fort de vanter les énergies renouvelables en brûlant autant de kérosène; et quand bien même le carburant serait e-saf (CAD, carburant durable), sa seule production gourmande en eau et en énergie électrique est rédhibitoire! Pour le CADE, c’est non.

Il nous semble que, suite à tout ce que nous avons étudié et calculé, nous n’avons pas à nous prononcer entre la poursuite de l’utilisation des énergies fossiles et l’innovation par de nouveaux carburants. S’il est certain que le projet ReSTart, en utilisant un CO2 industriel est moins directement consommateur en colonne biomasse que le projet E-CHO, la question énergétique reste centrale:  il faudra extraire le carbone du CO2, ce qui en fait un projet trop gourmand en énergie électrique. Ph. St Arroman, du CADE, a remis à jour le tableau de prospective européen par rapport aux obligations pour la France d’introduction de CAD à l’horizon 2050 ( Tableau de prospective 2025 à horizon 2050 OBLIGATIONS CAD SAF pour la France ). Vous noterez notre effort de conversion en EPR, industrie nucléaire que nous ne savons toujours pas concrétiser efficacement dans le réel! 

Concernant les émissions de CO2 émises par les CAD, ceux-ci devant être compatibles avec les motorisations actuelles, elles ne devraient guère être différentes des carburants fossiles. Enfin, il ne faut pas oublier que les traînées de vapeur d’eau émises, qui elles ne changeront pas, contribuent plus ou moins autant à l’effet de serre que le CO2 rejeté, ce rejet se faisant à haute altitude. Quoi qu’il en soit, et pour le projet ReSTart (dont l’équivalent DéZIR a obtenu des subventions tout comme E-CHO: LAUREATS Decarbonation aviation civile 23.04.2025_Annexe FR2030 )

  • Sur la question de la ressource bois, effectivement, il semble qu’il n’y ait pas de confusion dans l’état actuel du projet avec un projet tel E-CHO. Sauf que dans l’avenir, les obligations d’introduction de CAD étant ce qu’elles sont (8 millions de T en 2050 pour 70 % d’introduction avec une croissance annuelle du trafic de 3 %), il pourrait y avoir une tentation d’augmenter le volume de bois exploité par Ryam…
  • En revanche, sur la question de l’hydrogène, toujours dans cette perspective de répondre aux injonctions de la Commission Européenne dans un contexte de croissance continuelle du trafic, il faudra mobiliser la production de 22 EPR 2, ou sacrifier des surfaces agricoles ou forestières pour produire de l’électricité renouvelable. Ce qui est totalement irréaliste et écocidaire.
  • Il nous semble aussi qu’il faut mettre en évidence que, quand on capte du carbone pour le recracher dans l’atmosphère via un réacteur d’avion, on continue quand même à carboner l’atmosphère.

Pour résumer, il semble au CADE que le projet ReSTart ne peut être contesté que dans une perspective de décroissance du transport aérien…Et c’est dans ce sens que le CADE a produit, avant la fin de la Concertation préalable, un Cahier d’Acteur: ReSTart cahier d’acteur du CADE

Vous pouvez consulter l’ensemble des Cahiers d’acteurs, avec des points de vue légitimement différents, sur le site officiel du débat: Les cahiers d’acteurs ReSTart : Documents à télécharger – Concertation ReSTart

En complément sur la nécessaire sobriété énergétique, et concernant la résistance aux projets d’EPR2, toutes problématiques posées, Le Blayais en zone inondable (avec des élus toujours en demande d’EPR) ou Golfech que nous avons cité précédemment (2 EPR projetés) pourraient être des lieux de contestation citoyenne  – vous pouvez consulter un site:  Pétition contre l’implantation d’une paire de réacteurs EPR2 – Stop Golfech

 

 

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