France Nature Environnement 26 02 2015
Les grandes marées aux coefficients exceptionnels (jusqu’à 119 sur une échelle de 120) vont toucher le littoral français jusqu’à fin mars. Conjonction entre marée haute, houle, vent fort… Ces évènements rappellent notre vulnérabilité face à l’inexorable montée du niveau des océans. Face à ces menaces qui augmentent, France Nature Environnement déplore que les éternelles solutions à court terme (bétonnage, rechargement de plage…) soient préférées à une politique de prévention durable des risques.
L’inévitable érosion du littoral
Selon le GIEC[1], les niveaux des mers augmenteront jusqu’à un mètre d’ici 2100 et les phénomènes météorologiques extrêmes seront de plus en plus intenses, fréquents et longs. Inexorablement, le risque de submersion et d’érosion des zones côtières françaises augmente. C’est près d’un emploi sur trois sur le littoral qui est concerné par cette élévation des niveaux de la mer. Et le phénomène s’observe déjà : depuis fin 2014, les grandes marées conjuguées aux multiples tempêtes ont déjà provoqué jusqu’à 10 mètres de retrait sur la côte Aquitaine[2].
Bétonnage : les pansements ne tiendront pas longtemps
Boudins gonflables anti submersion, barrages géants, les grandes marées de ces dernières semaines ont donné le coup d’envoi à » la débrouillardise » qui souligne notre impréparation aux phénomènes de submersion marine. « Le littoral est de mieux en mieux protégé » a annoncé la Ministre de l’Environnement. Mais si certains progrès notables ont été réalisés, les mesures de protection défensives ne règlent rien sur le long terme. La population reste en danger. France Nature Environnement souhaite donc que le repli stratégique des biens et des personnes et le développement d’une culture du risque soit aussi porté par le gouvernement dans le débat national, et pas uniquement une stratégie de défense contre la mer, contre la nature.
Pour Elodie Martinie-Cousty, responsable du réseau Océans, mers et littoraux de FNE : «1,4 million d’habitants sont confrontés au risque de submersion marine en France. Les communes n’y sont toujours pas préparées. La construction d’un mur sur notre littoral n’est pas une solution. La sécurité des biens et des personnes est mise en jeu et plus vite que prévue ! ».
Xynthia, déjà 5 ans mais des leçons non tirées
Le 26 février 2015 est le triste 5ème anniversaire du drame de Xynthia qui a causé la mort de 47 personnes. La catastrophe résultait d’une concomitance de vents forts avec une marée haute de vives eaux. Les fortes marées d’aujourd’hui sont plus fortes qu’à l’époque. Si elles étaient associées à des vents similaires à ceux de 2010, un nouveau désastre serait très probable puisque les leçons de Xynthia ne sont pas tirées. Depuis plusieurs mois, FNE déplore des blocages dans la mise en place des Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN). Les services de l’état se plient au lobby des promoteurs immobiliers et minimisent les risques sur des territoires à fort enjeu tel que l’Ile de Noirmoutier. FNE réclame la validation d’urgence des 383 PPRN littoraux jugés prioritaires sur les 800 communes concernées et souhaite que l’État s’engage dans la mise en œuvre de ces plans.
Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement rappelle que « L’élévation du niveau des océans est certaine et irréversible et nous devons nous organiser durablement pour contenir cette bombe à retardement. Malgré l’urgence de la situation, la France a beaucoup de retard sur nos voisins en matière d’adaptation à ces aléas. Le prix à payer de notre frilosité n’en sera que plus élevé ! »
[1] GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
[2] Selon un rapport élaboré par le BRGM et l’Observatoire de la Côte Aquitaine