Question toxicité de l’air, et depuis des années, nous sommes saturés « d’infos grand public » anxiogènes qui ajoutent aux informations sur la dégradation de la qualité de l’eau, ou sur la dangerosité de l’alimentation – En cause, lorsque les tests et les études le permettent, des rapports émanant souvent d’ONG visant à alerter sur les risques sanitaires de nos modes de vie – De plus, une course législative sans fin semble se dessiner, sans que soient clairement abandonnées des technologies, des matériaux ou des pratiques utilisant ou produisant des molécules suspectées de détériorer la santé: il semble que les législations européennes traduites en droit des différents pays membres (Directives et Interdictions) peinent à rattraper la recherche et ses études, qui affinent toujours plus l’interaction causes / effets. Une « ambiance » de retard législatif qui ne peut plus rassurer quant à l’état des écosystèmes, dont le nôtre.
Pourtant, et c’est un progrès dans la compréhension, sortent régulièrement des études couplées à des enquêtes sanitaires, mettant en évidence des liens entre molécules chimiques utilisées ou produites dans les activités humaines les plus diverses et leurs effets sur le vivant, biodiversité bien sûr et santé humaine. On a adoré les pesticides, les fongicides, les métaux, l’ozone, les monoxyde et dioxyde de carbone et les oxydes d’azote, les composés organiques des hydro carbures et volatils (COV)…on a bien digéré l’apport de la connaissance sur les particules fines… on va raffoler dès lors des combinaisons de molécules aux conséquences sanitaires dites « d’effet cocktail »… c’est dans ce sens que progressent désormais les alertes confrontées à des statistiques sanitaires: au-delà des quantités et de la nature des polluants auxquels nous sommes exposés, c’est la combinaison de ceux-ci qui se montre aujourd’hui comme un défi sanitaire planétaire…
Après avoir ainsi « bien plombé » votre atmosphère, nous vous proposons à la lecture un nouveau travail de l’organisation ZEROWASTE FRANCE publié dans sa newsletter d’octobre : « Cette étude pilote inédite met en évidence la présence de PFAS et d’autres polluants organiques persistants dans l’air à proximité de l’incinérateur d’Ivry-Paris-XIII. Financée par Zero Waste Europe, l’étude réalisée par ToxicoWatch avec le concours du Collectif 3R et publiée aujourd’hui, évalue la présence de polluants organiques persistants (POPs) dans des filtres d’aération recevant de l’air extérieur. »
Outre l’accent mis sur les redoutables « polluants éternels » ( les polluants organiques persistants , les POPs dont les mieux connus maintenant PFAS, les HAP et dioxines, l’étude renvoie donc à un procédé de traitement des déchets, l’incinération, parce qu’il est extrêmement répandu en France et rejette des composants volatils dans l’air.
Là où « le bât blesse » en 2025, c’est sur la surveillance continue des installations: « Un arrêté publié le 31 octobre 2024 [4] impose progressivement la surveillance non continue d’un nombre limité de PFAS dans les rejets atmosphériques des cheminées d’incinérateurs d’ordures ménagères. L’arrêté ne prévoit pas de surveillance des retombées atmosphériques dans l’eau de pluie, ni de biosurveillance des PFAS dans les mousses et les lichens. » … « Concernant les PFAS, leur présence dans les systèmes de filtration de l’air à proximité d’un incinérateur est inquiétante, et montre l’urgence d’organiser la surveillance continue de ces substances toxiques pour la santé humaine au niveau de ces installations. Il est incompréhensible que la surveillance, mise en place par le gouvernement Barnier et qui démarrera ce 31 octobre, ne concerne qu’une cinquantaine de substances, sur la centaine connue. Le calendrier progressif prévu, qui s’étend jusqu’en 2028, est également préoccupant ». »
Le Collectif 3R, Zero Waste Paris et Zero Waste France alertent également sur la nécessité d’évaluer la concentration des PFAS dans la poussière des habitations à proximité des incinérateurs et dans les filtres d’aération. Les trois associations s’inquiètent du manque d’informations et de recommandations concernant les choix des filtres d’aération et du rythme de renouvellement des filtres dans les systèmes de ventilation.
Au niveau national, le mouvement Zero Waste, demande un moratoire immédiat sur toutes les nouvelles capacités d’incinération, au regard des impacts sanitaires, environnementaux, économiques et sociaux de cette méthode de traitement des ordures ménagères. Et notre conclusion sera toujours la même en matière de déchets: le meilleur déchet étant celui qui n’existe pas, réduire nos déchets relève désormais d’une affaire sanitaire vitale.
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