Les décideurs du ferroviaire se moquent des territoires! Suspendons les versements aux grands projets de LGV! Le CADE relève ci-dessous deux actions récentes, quoique éloignées géographiquement et sur les motifs, témoignant de l’exaspération de citoyens ou d’élus: avec une proposition, suspendre à titre conservatoire les versements, « geler » les contributions.
La seule comparaison des cartes du ferroviaire il y a même un demi-siècle comprenant un réseau de petites lignes, et celle d’aujourd’hui avec des départements sinistrés en irrigation ferroviaire, suffit à nous en convaincre: le train est devenu rare, et non destiné à l’intérêt général! (Un article des Echos, dont nous ne partageons pas l’analyse par ailleurs, note que 10 millions de français sont laissés pour compte dans les alternatives de transport par rail. Le TGV et le désert ferroviaire français Les Echos)
Partons du 1er constat unanime en France: le système ferroviaire en étoile à partir de Paris, très au Nord de la France, constitue une dérive inacceptable de l’irrigation des territoires ruraux abandonnés, pour cause du tout TGV au profit des grandes métropoles. Actant ainsi le fait que moins de 10% de voyageurs , y compris les touristes, empruntent ces lignes chères dédiées aux CSP++ (Catégories Socio Professionnelles libérales et supérieures, en terme de marketing et donc de pouvoir de consommation)…Le paradoxe étant que nos territoires ruraux paient les LGV, pour les voir empruntées par ceux des métropoles qui ne paient pas la TSE, « impôt LGV ».
Et ce constat de défaut de trains vaut, tant pour les petites lignes transversales du quotidien et de proximité, que pour les trains d’équilibre reliant les villes moyennes entre elles, la grosse partie du financement allant aux TGV. Rien d’étonnant alors que la révolte des territoires monte, en témoigne l’action récente des « trains de la colère » relatée dans notre article précédent.
Deux raisons de stopper la contribution financière à la LNSO – Le manque d’argent et la « jurisprudence » pour l’A69 – Le cas de Mont de Marsan (40) est exemplaire: alors que cette préfecture qui est cependant une petite ville disposait de plusieurs lignes de dessertes en étoile, sa gare de centre ville est aujourd’hui un « cul de sac » pour la liaison en TER depuis Morcenx et la ligne existante TGV (qui va de Bordeaux à Dax puis à Bayonne ou Pau). Exit les liaisons locales vers Tarbes, Marmande, Dax, Auch…Au lieu de « désenclaver » et de décarboner par des transports ferroviaires de proximité, le projet de LGV attire à lui une part du budget qui hypothèque toute alternative et rend la gare de Mont de Marsan quasi inutile, il faudra faire des kilomètres en voiture pour rejoindre une gare nouvelle au nord, « la gare à betteraves » ou à pignes, à Lucbardez.
« Elus, gelez le versement des annuités LGV à la Société de Projet ( 540 000 euros/an) jusqu’à ce que le dernier recours en annulation ait été jugé. » […] « La prise de cette mesure ne serait pas « irresponsable », mais la simple application d’un principe de précaution« . Refusant la gabegie de la future LGV, et se prononçant au profit de la modernisation de l’existant TGV, de la rénovation de la ligne TER ainsi que la remise en état du réseau secondaire abandonné, des associatifs et militants politiques viennent d’interpeller le Conseil d’Agglo du Marsan, lors du vote du Budget 2025, en proposant de « geler » le paiement pour 540 000€/an de la contribution pour la future LGV du GPSO (LNSO), l’Agglo étant fortement endettée et dans l’incapacité d’investir pour d’autres projets essentiels aux habitants: le 08/04, des opposants à la LGV étaient présents en comité d’accueil des élus, une interview a été réalisée par le Media40, et par ailleurs une lettre ouverte à été remise: voir les arguments donnés: LGV et budget 2025 de l’Agglo du Marsan
VIDEO: LGV Non Merci interpelle les élus du Marsan – YouTube
Alors, quelle issue à cette proposition responsable sur la gestion en péril financier de l’Agglo ? Bien que l’ensemble du Conseil d’Agglo du Marsan ait déploré le manque de moyens pour les autres services à la population (voirie, écoles, culture…), et que de nombreux votes contre le budget global se soient faits entendre, l’idée n’a pas encore fait tout son chemin chez les élus. Les opposants Montois à la LGV (Asso « NON LGV Nord landes et Marsan », et LFI) prévoient une réponse avec un nouvel argument et une nouvelle ouverture vers les élus, que le CADE relaiera bien entendu…
Preuve qu’une telle démarche est possible, on apprend cette semaine une autre initiative de gel de contribution: cette fois du côté de l’Occitanie, mais pas pour les mêmes raisons; en effet, il s’agit là pour Sète de perte de desserte, et donc de demande d’un autre tracé. Et ce qui est intéressant, c’est qu’un tel acte déboucherait sur la remise en cause de la DUP et en somme du projet lui-même, s’effraient les décideurs: un « argument d’autorité » déraisonnable, lui, si on veut bien considérer tous les arguments. Comme quoi, les Collectivités auraient encore leur mot à dire, si elles s’en donnaient les moyens en gelant leur contribution! Qu’on se le dise dans nos départements aquitains.
(Ainsi, sur la Ligne LGV Montpellier-Perpignan, l’association ALT – Alerte LGV sur Thau est opposée à ce projet de Delga Ligne LGV Montpellier-Perpignan : ALT appelle à manifester devant la gare – midilibre.fr « Une alternative existe, moins rapide, mais plus respectueuse et avec un coût inférieur de 30 %. »; les élus de Sète Agglo favorables eux, mais sous conditions, suspendent sa participation financière de 840 000€ dans l’attente de nouvelles garanties: Montpellier-Perpignan : « La LGV est vitale pour la région », pour Sète aussi qui… gèle sa participation ! – Dis-leur !)
Enfin (« at last but not least ») une pétition circule en France, qui ne demande qu’un décollage: « Pour la sauvegarde et le développement des petites lignes ferroviaires, véritables lignes de vie de nos territoires ! » Pétition unitaire intersyndicale et avec l’Alliance écologique et sociale – https://petitions.lecese.fr/initiatives/i-592
Ci-dessous, le texte intéressant de cette pétition qui demande à chacun un effort de partage:
Défendons les lignes ferroviaires menacées dans nos territoires !
« Pour la sauvegarde et le développement des petites lignes ferroviaires, véritables lignes de vie de nos territoires !
Depuis une décennie, de nombreuses petites lignes ferroviaires ferment en France, symbolisant l’abandon progressif des territoires ruraux. Environ 3 000 kilomètres de voies ont ainsi disparu, accentuant la désertification rurale, freinant le développement économique local, renforçant l’isolement des habitants, les inégalités d’accès aux services publics et la dépendance à la voiture.
Pourtant, des réouvertures réussies, comme celle de la ligne Pont-Saint-Esprit – Nîmes, prouvent qu’un avenir ferroviaire pour tous les territoires est possible. Ces lignes de proximité sont essentielles pour engager une transition écologique socialement juste !
Nous demandons au Conseil économique, social et environnemental (CESE), assemblée représentative de la société civile, forte de 82 organisations et de 175 conseillers, de se saisir de cette question cruciale. Le CESE dispose de la capacité d’organiser une réflexion nationale, de mobiliser des expertises multiples, et de formuler des préconisations concrètes pour que l’action des responsables politiques et des collectivités contribue activement à la revitalisation des petites lignes ferroviaires et des territoires qu’elles desservent.
Si cette pétition atteint 150 000 signatures, le CESE se saisira officiellement du sujet et ouvrira ce débat public indispensable.
Nous appelons toutes et tous à signer cette pétition pour exiger un plan national ambitieux de sauvegarde et de développement du réseau ferroviaire de proximité. Pour refuser l’abandon de nos campagnes et défendre un train accessible et écologique pour tous, chaque voix compte ! »
Merci de signer et de partager le plus largement: Défendons les lignes ferroviaires menacées dans nos territoires ! – Défendons les lignes ferroviaires menacées dans nos territoires ! – Conseil économique, social et environnemental