A propos d'une ferme à cochons au Béarn…

Dernier projet en date « d’usine à cochons » : à Escoubès ; une centaine d’opposants au projet de ferme aux 17000 porcs a défilé à Escoubès. Article de Sébastien Lamarque. Un recours administratif est envisagé contre l’arrêté préfectoral qui a autorisé le projet.
Vous avez peut-être déjà lu cette information. Nous publions ici un article qui en fait état, assorti du commentaire désabusé d’un militant des « Amis de la Terre ».
une-centaine-d-opposants-au-projet-de-ferme-aux-17000-porcs-a-defile-a-escoubes-ce-samedi-matinUne centaine de manifestants a défilé ce samedi à Escoubès contre le projet de ferme aux 17000 porcs, autorisé par le préfet après enquête publique.
Parmi les manifestants, des riverains de la ferme qui va être agrandie pour accueillir jusqu’à 6500 porcs en même temps, des agriculteurs mais aussi plusieurs associations et mouvements aux motivations parfois hétéroclites. La manifestation était organisée par l’association Bien vivre dans les coteaux du Béarn.
C’est ainsi que l’on retrouvait des représentants d’Europe écologie Les Verts, de la France Insoumise ou du Parti communiste français, de la Confédération paysanne ainsi que des associations environnementales ou de défense animale comme les Amis de la Terre ou L214. « Nous avons beaucoup de divergences avec certaines associations de défense animale, concède l’agriculteur André Candau. Mais aujourd’hui, nous partageons une revendication commune de circonstance : empêcher que ce projet ne se réalise. »
« Monsieur 10 % »
Il y a d’abord l’opposition de riverains, comme Frédéric Mulé, qui a acquis un terrain à Escoubès il y a huit ans de cela. « La valeur de notre bien chute voire devient invendable », déplore-t-il. Richard Labat, le « premier voisin » de la ferme, reprend l’argument mais cible également les nuisances olfactives. « Une porcherie de cette taille-là, vous allez la sentir jusqu’à Soumoulou ! » avertit-il.
André Candau, qui dispose d’un atelier d’engraissement de porcs de 360 places et d’un atelier de gavage de canards de 800 places, dénonce l’ampleur du projet autorisé par le préfet. « Ce projet est porté financièrement à 51 % par la coopérative Fipso, 39% par Euralis et 10% par l’éleveur. Nous refusons que la mission de l’agriculteur soit désormais réduite à être le Monsieur 10% de sociétés industrielles d’élevage. C’est une bien triste image pour le Jambon de Bayonne. Ces gros ateliers vont engorger le marché et les petits producteurs finiront par mettre la clé sous la porte. »
Un recours devant le tribunal administratif
« C’est pas du cochon, c’est du pognon ». Slogans et banderoles à l’appui, les manifestants sont descendus jusqu’à la ferme existante, accompagnés et attendus sur place par un conséquent déploiement de gendarmerie. Les huées reprennent sur le chemin du retour, en passant à proximité du chemin qui mène chez l’éleveur porteur du projet. Le tout se déroule sans heurts. En attendant un recours devant le tribunal administratif pour demander l’annulation de l’autorisation préfectorale du préfet.
« Monsieur 10% », c’est Sébastien Boudassou. Une vingtaine de véhicules sont stationnés devant chez lui. « Des amis éleveurs et de tous horizons venus me soutenir ». L’éleveur estime que son projet est « carré depuis le début », justifie l’appui de la coopérative Fipso « comme on demanderait une aide financière à une banque ». Il pointe aujourd’hui « un acharnement qui devient presque personnel » et se dit serein quant à un recours administratif. Les aménagements destinés à réduire les nuisances environnementales, sonores et olfactives de son exploitation représenteraient près de 25 % de l’investissement total de près de 3 millions d’euros.

 COMMENTAIRE ASSOCIATIF

« Et ça continue. Mais pour faire le « bon » jambon de Bayonne, il faut plein de cochons !
Pour rappel, le nom « jambon de Bayonne » est un terme linguistique gascon pour désigner un jambon salé et séché. Le jambon blanc était appelé « jambon d’York ».
En fait, l’explication pour ce terme jambon de Bayonne, provient de l’utilisation du sel qui venait des salines de Bayonne. C’est le sel qui était de Bayonne pas le jambon. Il y a une vingtaine d’années, maintenant, un groupe de banques a eu l’idée de privatiser ce terme linguistique pour en faire une IGP : une Indication Géographique Protégée.
Aujourd’hui, les jambons séchés et salés ne peuvent plus s’appeler « de Bayonne » s’ils ne font pas partie du consortium qui a créé l’IGP. Ils sont maintenant souvent vendus sous le terme « jambon de pays ».
Lors du lancement de cette IGP (1998), les Amis de la Terre avaient invité un syndicaliste breton de la Conf. Nous lui avions donné une copie du cahier des charges de cette IGP pour le faire étudier par ses collègues syndicalistes bretons. Réponse à l’époque après analyse : les conditions d’élevage étaient les mêmes que celles de la production de masse de cochons bretons, seule la durée de séchage était plus longue.
Quant à la zone de production, elle s’étendait jusqu’à Rodez et Carcassonne… La banlieue bayonnaise étant apparemment très extensible !
Résumé : une Indication Géographique Protégée, n’est pas une garantie de qualité ni même pas une garantie « géographique ».  Est-ce que le cahier des charges a depuis été amélioré ? Je ne sais pas.
Pour finir, ce pauvre jambon a droit à une croix basque, niant ainsi des siècles d’histoire et de culture gasconnes à Bayonne. Mais c’est plus vendeur …
Rien à voir donc avec un vrai jambon et pour le coup vraiment basque comme celui des Aldudes, ou celui de certains petits producteurs landais et béarnais ou encore celui à base de porcs noirs gascons vendus dans le Gers….
La plupart de ces gros projets d’usines à cochons dans la région (région au sens… large, vous l’avez compris) sont liées à l’IGP Jambon de Bayonne. »
 
 
 

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