NDDL – un référendum au-dessus de la loi?

Voici un point de vue qui part d’un simple principe: la loi sur l’eau et les milieux aquatiques existe, tout comme la Directive-Cadre européenne sur l’eau transposée dans le droit français; celles-ci encadrent les projets d’infrastructures afin qu’on ne puisse pas tout faire en matière de BTP; à la lecture donc, quelques considérations apportant leur eau au moulin de la réflexion…
sur Renaissance Ruralederniers extraits :
Référendum local sur le projet qui menace Notre Dame des landes : l’ultime perfidie
Le Président de la République a projeté d’engager un processus réputé démocratique plutôt que d’appliquer simplement la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (2006) et la Directive-Cadre européenne sur l’Eau (2000). Pourtant, elles ont été votées pour protéger précisément les espaces comme celui de Notre Dame des Landes qui est à cheval sur 2 têtes de bassin versant. Les lois, surtout celles-ci qui sont fruits d’un très long processus d’étude, de maturation et d’élaboration depuis le terrain jusqu’au plus haut niveau de décision, ne sont-elles pas démocratiques ? Ne sont-elles pas faites pour être appliquées ?
A l’inverse, les populations censées être appelées à voter sur ce que la loi a déjà décidé sont-elles bien sensibilisées aux différents aspects de la question : milieux humides de têtes de bassin versant, biodiversité, hydrologie, climat, devenir des paysans, des savoirs et des modèles durables qu’ils ont développés, bien commun à long terme contre option technologique transitoire, etc. ? Car la démocratie invoquée ne peut exister avec des électeurs insuffisamment informés et conscients des enjeux. 
Or, sur l’ensemble, on observe une diffusion extrêmement insuffisante, voire totalement inexistante, de l’information sur le corps et le sens de la législation sur l’eau et les milieux humides. En dépit de la gravité de la dégradation des têtes de bassin versant et, assez généralement, des zones humides, la plupart des français sont toujours dans l’ignorance vis à vis de ces milieux. Souvent au point de méconnaître ce qui est juste à côté de chez eux et le travail patient de leurs ancêtres – et de n’y voir aucun intérêt. Voire d’approuver majoritairement la poursuite des destructions contre lesquelles a été faite la législation sur l’eau (comme à Saint Gengoux le National et dans sa région *). Même les associations de protection de l’environnement et du patrimoine sont encore nombreuses à ne pas s’intéresser du tout à la question, alors qu’elle concentre la majeure partie des problèmes écologiques.
Une torpeur si profonde et si répandue est une aubaine pour tous ceux qui veulent poursuivre, comme avant l’évolution législative, les destructions qu’ils imaginent leur être profitables. Le plus troublant est l’inertie des organismes d’Etat en charge de l’application de la nouvelle loi et leur aide à son édulcoration.
Mais, est-ce bien si étonnant puisque, surtout depuis une soixantaine d’années, les savoirs paysans et le sens du bien commun ont été dévalorisés et ringardisés pour casser la paysannerie et passer les campagnes au laminoir productiviste ? Est-ce si étonnant puisque nous ne sommes encore qu’au début de la prise de conscience des coûts catastrophiques de cette politique ** ? Cela n’a malheureusement rien d’étonnant puisque la reconquête des savoirs perdus n’en est qu’à ses débuts et que la prise de conscience est combattue depuis des dizaines d’années. 
Dans ce contexte de grande déculturation, d’ignorance des enjeux et de toute puissance des lobbies, les processus électifs habituels de prise de décision ne sont qu’un maquillage démocratique sur le détournement et la destruction du bien commun. L’idée du référendum est donc suspecte d’avoir été inspirée par la certitude que son résultat irait contre l’application de la législation naturellement protectrice de l’écosystème de Notre Dame des Landes. http://renaissancesrurales.
* L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – première partie : le Ruisseau de Nolange
https://renaissancerurale71.L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – seconde partie
https://renaissancerurale71.
** Le sol, la terre et les champs, de Claude et Lydia Bourguignon, Sang de la Terre
 

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