suite de l'enquête publique: laminoirs CELSA

logo CADEimagesCommuniqué du CADE

Un dossier incomplet et incertain pour Celsa à Bayonne

Dans le cadre de l’enquête publique qui s’est déroulée du 23 novembre au 23 décembre dernier, le CADE s’est opposé au projet de réalisation des 2 laminoirs envisagés par l’aciérie Celsa à Tarnos. Hausse drastique des rejets de C02 dans l’atmosphère, utilisation irraisonnée de la nappe phréatique, absence de documents dans le dossier d’enquête publique, désistement de dernière minute, alourdissent un projet qui laisse augurer des dérives pour l’avenir…

Une hausse de plus de 280% de CO2 à l’horizon 2019

Le CADE remet en question les prévisions d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère du futur site sidérurgique. L’industriel prévoit une augmentation de plus de 280% de ses rejets de CO2 avec un total prévu de 148 000 tonnes à compter de 2019 quand l’ensemble du site aciérie et laminoirs seront en fonctionnement. Précisons qu’aujourd’hui, Celsaa déjà dépassé les 48 000 tonnes de C02 « autorisés ».

Une forte hausse d’oxyde d’azote est également prévue à cette échéance (soit au total 295 tonnes de Nox). Ces derniers, combinés notamment à l’émission de dioxyde de souffre (229 tonnes par an prévues), sont à l’origine de la formation d’ozone troposphérique, un des polluant majeur de l’air.

La réduction des GES est devenue l’un des enjeux majeurs pour les générations à venir. En pleine Coop 21 alors que le président François Hollande, le président américain Barak Obama et le milliardaire Bill Gates ont lancé l’initiative Mission Innovation réunissant 10 pays et 27 milliardaires en vue de mettre en place les technologies permettant au monde d’être neutre en carbone d’ici 2050, comment peut-on cautionner un tel projet qui semble désormais appartenir au passé ?

Par ailleurs, plusieurs éléments manquent au dossier présenté par l’industriel notamment l’impact sanitaire des émissions diffuses,le document concernant le contrôle triennal de 2015 des nuisances sonores et l’étude de la qualité des eaux infiltrées &des systèmes mis en œuvre pour le traitement des eaux pluviales.

La nappe phréatique devenue saumâtre

Le CADE dénonce également l’utilisation injustifiée et coûteuse au niveau écologique de la nappe phréatique « laissée gracieusement à disposition de l’industriel. » En effet, Celsa pour assurer ses besoins en eau est autorisé à compter de 1995 à pomper dans la nappe phréatique à raison de 60 m3 par heure. Pendant 20 ans, l’utilisation de cette eau a été largement supérieure à ce seuil avant qu’un nouvel arrêté l’autorise à puiser à raison de 145 m3 par heure. Cette exploitation intensive a eu pour effet, non seulement de dégrader cette nappe (devenue depuis fortement basique et chargée en divers polluants) mais aussi de la rendre saumâtre suite à la création d’un biseau marin. Avec les nouveaux équipements, ce sont 205 m3/h qui seront pompés dans cette réserve aquifère. De surcroît, l’industriel sera autorisé à effectuer 4 déversements dans l’Adour par an en toute impunité.

Des doutes sur le volet économique du projet

Au niveau des transports, le projet induira un trafic plus conséquent de camions qui passeront de 7 à 10 par heure. Quant au ferroviaire, il sera confié à un opérateur privé qui captera des fonds régionaux au détriment de la SNCF ….

Le collectif s’interroge sur la pérennité économique de ce projet dont le montant des investissements s’élève à 50 M€ et sur la véracité des chiffres annoncés en ce qui concerne le nombre d’emplois créés.

Le CADE reproche également dans ce dossier le manque d’informations. Lors du déroulement de l’enquête publique, alors que 4 villes sont impactées par le projet, seule une réunion publique a eu lieu à Tarnos : celle prévue à Anglet ayant été annulée suite au désistement de dernière minute et sans motif du directeur de l’aciérie.

Lorsqu’ADA s’est implantée à Boucau, l’industriel avait promis que toutes les précautions seraient prises pour disposer de l’aciérie la plus propre d’Europe. 20 ans après, Le bilan est lourd : l’industriel n’a pas montré sa capacité à répondre aux exigences en matière de bruit, de poussières et de pollutions.

Quoiqu’il en soit, nous restons persuadés que le Port de Bayonne doit se tourner vers l’avenir et miser sur des filières à haute valeur ajoutée plutôt que de poursuivre son chemin vers des secteurs en voie d’essoufflement, peu porteurs en terme d’image et destructeurs de l’environnement.

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